Vulcanisation ou « collage » : Une affaire rentable

Le vulcanisateur est un appareil servant à coller à chaud les pièces de caoutchouc, en particulier les chambres à air. Dans les pays de l’Afrique francophone, par abus de langage, le vulcanisateur désigne l’ouvrier qui travaille à la vulcanisation. Il est aussi appelé « colleur » dans certains pays. Installés aux abords de voix, on trouve des vulcanisateurs un peu partout dans les capitales africaines. Pour certains, c’est un métier fatiguant et salissant. Pour d’autres, c’est une véritable source de revenus qui plus est créateur d’emplois. Pour mieux comprendre cette activité, zoom sur le métier de vulcanisateur.

Le vulcanisateur à Ouagadougou

Il est 10h du matin, nous sommes à Goughin un quartier de la ville de Ouagadougou. Non loin du marché, se trouve un atelier de vulcanisation. Nous y faisons escale. C’est monsieur Martin ZOUNGRANA qui nous accueille. « Vous-voulez collez votre pneu ? » nous lance-t-il. Ayant pris connaissance de l’objet de notre visite, il se prête volontiers à nos questions. « J’ai arrêté l’école en classe de 4è par manque de moyens. J’ai alors décidé de me chercher et je me suis lancé dans la vulcanisation avec mon oncle. J’exerce cette activité depuis environ deux ans et grâce à cela j’arrive à joindre les deux bouts », nous explique-t-il.

En quoi consiste l’activité du vulcanisateur ?

Le métier de vulcanisateur consiste à coller des chambres à airs et des pneus de toutes les tailles. C’est aussi mettre de l’air dans la chambre à air des pneus. Le vulcanisateur monte également les chambres à air et les pneus sur les voitures, les motos et les vélos. Ce qui différencie le vulcanisateur de certains mécaniciens, c’est que le collage qui est pratiqué se fait généralement à chaud. Les prix du collage varient en fonction de l’engin et du nombre de trous. Martin nous donne des détails : « Pour les voitures, nous le faisons à 500 F CFA par trou et les engins à deux roues à 200 F CFA. Avant on démontait les pneus pour le collage, mais aujourd’hui il y’a des produits adaptés qui permettent de coller sans qu’on ne démonte quoi que ce soit. Pour le complément d’air, nous le faisons à 100f CFA pour les véhicules et à 50 F CFA pour les deux roues » poursuit-il.

Que faut-il pour débuter cette activité ?

Pour se lancer dans le métier de vulcanisateur, il faut un minimum de formation. La formation se fait généralement sur le tas et pour ça on n’a pas besoin de savoir lire et écrire. Pour commencer véritablement, il faut le compresseur et la dynamo qui sont les éléments clés du travail d’un vulcanisateur. Pour pouvoir bien installer l’activité, il faut un local et les différents matériels de travail » comme les criques, les marteaux et autres clés de roues, nous confie monsieur Moïse Zoungrana, un autre vulcanisateur, exerçant le métier depuis 1979.

Moïse Zoungrana dans son atelier de vulcanisation

Le travail de vulcanisateur est-il rentable ?

A en croire Moïse, l’activité est rentable. « En tout cas ça va, je peux avoir 4000f CFA et parfois plus, comme recette par jour. Avec cette somme, j’arrive à subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. J’ai même pu construire une maison ».

Les activités annexes

Il n’est pas rare de voir une panoplie de pneus vendus par les vulcanisateurs. Pour rentabiliser d’avantage leur métier, les vulcanisateurs y ont ajouté la vente des pneus et le chargement des batteries. « Avec la vente des pneus « France au revoir », j’arrive à avoir un peu plus d’argent. Par exemple si j’achète les pneus à 25000f CFA au prix d’en gros, je peux les revendre à 27000f l’unité ce qui me donne un bénéfice de 2000f par pneu », nous dit monsieur Baba Kafando, vulcanisateur. Par ailleurs, pour recharger une batterie de voiture, nous demandons 500 F CFA.

Est-ce rentable d’investir dans la vulcanisation?

Après avoir échangé avec les acteurs du domaine, il ressort que l’activité du vulcanisateur est une bonne affaire. En faisant le point pour des villes comme Ouagadougou, Abidjan et Bamako, l’activité semble plus porteuse qu’elle ne le parait. En fonction des capitales, elle rapporte entre 4000 F CFA et 20 000 F CFA par jour. De plus, l’investissement de base au dire de certains professionnels peut commencer à partir de 300 000. De plus en plus, certains investisseurs s’engagent dans l’activité en achetant les différents matériels et en les mettant en location à raison de 2000f par jour.

Ainsi donc, contrairement à ceux qui pensent que le métier de vulcanisateur est juste un métier salissant et fatiguant, nous sommes ressortis de nos échanges, avec la ferme conviction que c’est un métier prometteur. Il est rentable, à condition d’aimer son travail. Il est rentable aussi si le vulcanisateur connait bien son travail et qu’il a le sens du détail pour ne pas mal monter des pneus par exemple. Il est rentable si l’atelier se trouve dans une zone de grande fréquentation. Tout comme pour beaucoup d’autres métiers, les vulcanisateurs ont besoin de développer de nouvelles approches pour rentabiliser d’avantage leurs activités. Il se voit déjà dans certaines capitales, des vulcanisateurs mettre en place des équipes de jour et de nuit, pour être opérationnels 24h/24h.

                                                                                Rabi KABA

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