KabaKourou : Un savon qui rend riche et propre

Le « savon-cailloux » communément appelé kabakourou est un savon artisanal. Il est très populaire en Côte d’Ivoire et sa technique de production vient du Ghana. Très dur, en forme de boule, le kabakourou est fait à base d’huile de palme, d’hydroxyde de sodium ou soude caustique mélangée et d’eau. De manière générale, sa production se fait de façon artisanale. Depuis sa révélation sur le marché sous régional et burkinabè en particulier, ce savon connait un succès auprès des populations. Le commerce du kabakourou est devenu depuis lors un business qui fait vivre dignement plusieurs familles.

Vivre de la vente du savon kabakourou au Burkina Faso

Issaka Nana, est un vendeur de kabakourou. Il est installé au marché de Pissy, un quartier de la ville de Ouagadougou. La quarantaine révolue, il fait de cette activité son gagne-pain il y a environ quinze ans. Au début, c’est à Léo, une ville du sud du Burkina Faso, qu’il se ravitaillait. Mais maintenant, il se fait livrer directement sur place. Le sac de kabakourou de cent kilogrammes coûte 60.000 francs CFA et 250 francs CFA la boule de savon au détail selon cet homme. Le commerce du kabakourou a connu une explosion un peu précoce, ce qui a entrainé sa généralisation.

En dépit de cela Monsieur Nana arrive à tirer son épingle du jeu. « Si le marché est bon il est possible de faire un bénéfice mensuel de 75.000 à 100.000 francs CFA. Au cas contraire nous pouvons avoir au moins 50.000 francs CFA » explique Issaka notre vendeur. Petit-à-petit, cet homme a pu construire et fonder une famille grâce à cette activité. Il continue de placer son espoir en elle, mais a toutefois besoin de fonds pour agrandir son entreprise. Le kabakourou peut être source de réalisation. C’est pour quoi à l’image de notre hôte, plusieurs autres personnes sont dans ce business.

Issaka Nana se frotte les mains avec la vente du savon kabakourou

Dans un autre quartier de la ville de Ouagadougou, nous avons échangé avec un autre vendeur qui a souhaité garder l’anonymat. Dans son magasin de la taille d’une maison de vingt tôles, il vend des céréales et du savon kabakourou. Lui aussi n’est pas nouveau dans ce commerce.

Contrairement à la boutique de Monsieur Nana, dans celle de son collègue, nous avons pu constater la présence des dizaines de sac de 100 kilogrammes de kabakourou. Mais pour des raisons personnelles celui-ci ne donnera pas de réponse détaillée sur la vie de son entreprise, informelle soit-elle. Néanmoins, il ne se plaint pas. Mieux, il emploie des jeunes dans sa boutique et rend grâce à dieu pour cela.

Le marché du kabakourou

Le marché du savon au Burkina Faso est très diversifié. On y retrouve plusieurs types de savon dont le Kabakourou qui se vend en gros et en détails. Le Kabakourou est rentré dans les habitudes des burkinabè. Il est utilisé pour la douche, pour la lessive et dans d’autres travaux d’hygiène ménagère.

Les femmes les préfèrent car Ils sont vendus à un prix qui défi toute concurrence sans compter leur « longévité ». En effet, c’est un savon dur, ce qui fait qu’il met plus de temps à finir contrairement aux autres types de savons. L’achat du kabakourou présente donc un avantage en termes d’économie, de durée mais surtout d’efficacité. La demande sur le marché national a suscité l’intérêt de certaines personnes qui en produisent pour satisfaire la clientèle.

Toutefois, c’est auprès des commerçants de la Côte d’Ivoire et du Ghana que ceux burkinabè s’approvisionnaient au début. Mais au fil du temps la technique de production a traversé les frontières du fait de la collaboration entre les populations ivoiriennes ghanéenne et burkinabè. Les villes moyennes telles Léo, province voisine du Ghana est un des lieux de transit et de provenance des boules de kabakourou.

Notre interlocuteur anonyme nous confie : « si je savais fabriquer le kabakourou, j’allais le faire moi-même. C’est assez simple à faire. Il suffit d’avoir la soude caustique ou l’hydroxyde de sodium et connaitre la technique de préparation. On n’a pas besoins d’une véritable industrie pour cela. Il y a même des gens qui le font chez eux à domicile ». Toutefois, même si cet homme n’en produit pas, il récupère la poudre de savon au fond des sacs pour en faire de nouvelles boules. Une autre partie se vend sous forme de savon en poudre.

La production du kabakourou

La technique de production du kabakourou vient du Ghana à la fin des années 1990. En forme de boule, le kabakourou se fait à base d’huile de palme et de soude longuement mélangée à de l’eau. Sa production se fait de façon artisanale. Pour fabriquer ce savon, il faut environ 200 litres d’huile pour 100kg de soude.

La fabrication du « Kabakourou » respecte différentes étapes. Le premier jour on chauffe l’huile rouge toute la journée dans des barriques puis on la laisse au repos la nuit. Le deuxième jour, c’est la phase de liquéfaction de la soude. On déverse donc une certaine quantité dans une autre barrique contenant de l’eau. Pour un sac de 25Kg de soude, il faut y ajouter trois seaux d’eau d’une capacité de 6 litres chacun. L’acide se dissout dans l’eau qui entre en ébullition. La solution de potasse obtenue se refroidit après deux jours.

Une séance de production du kabakourou

Le 4e jour, on mélange les deux substances  dans une grande cuvette et on les malaxe à l’aide d’un bâton pour obtenir une pâte.  Avec des équipements de protection des mains, de petites et de grosses boules de kabakourou sont formées et se durcissent au contact de l’air. Les savons sont de couleurs blanche, jaune poussin et jaune clair. Plus l’huile est chauffée, plus le savon obtenu est blanc. Lorsque l’huile n’est pas portée longtemps à ébullition, le savon tire sur le jaune poussin.

Le kabakourou est produit en quantité suffisante aux mois de février, mars et avril en raison de l’abondance de l’huile de palme en Côte d’Ivoire. Sa production et sa commercialisation ont désormais un caractère sous régional.

Arnaud Fidèle YAMEOGO

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