Covid-19 : Des masques de protection made in Africa

L’épidémie qui a commencé dans la ville chinoise de Wuhan s’est très vite développer en une pandémie touchant ainsi la quasi-totalité des pays du monde.  Cette situation d’urgence et panique généralisée a occasionné une très forte demande en équipement de protection pour le personnel soignant et les populations. Face à cette situation certains entrepreneurs proposent des alternatives locales pour pallier à la disponibilité de ces produits. En Afrique, les initiatives de personnes entreprenantes ne cessent de voir le jour afin de répondre aux besoins en masque de protection. Cette course aux masques est une opportunité de promotion des produits locaux. Elle est aussi une occasion d’affaire et de sensibilisation des populations africaines sur le bienfondé de la consommation des produits africains.

La pandémie du coronavirus a mis l’économie mondiale à genou. Elle a entrainé une surenchère sur les prix de certains équipements de prévention. En effet, les puissances mondiales se bousculent pour satisfaire leurs besoins nationaux. Cette situation oblige les citoyens des pays aux ressources limitées à trouver des solutions au niveau endogène. La créativité des africains s’est alors très vite développée depuis lors. Pour des pays qui étaient de gros consommateurs de produits importés, la tendance est en train de changer.

Désormais, il faut compter sur soi et produire localement. D’autant plus que certaines personnes se méfient des produits importés du fait des rumeurs de contamination. C’est alors que des initiatives de fabrication de masque de protection ou encore cache-nez ont vu le jour dans certains pays du continent. La production des cache-nez est devenue une des activités de certains couturiers. Depuis l’arrivée du virus en Afrique, certains esprits malins ont profité de la situation pour montrer leur savoir-faire. De l’Afrique du nord à L’Afrique du sud en passant par l’Afrique de l’ouest, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’est, le constat est le même.

Plusieurs types de Cache-nez se produisent partout en Afrique

Une explosion de la production de cache-nez made in Africa

Avec des morceaux de tissus ou de pagne, du chiffon, un élastique ou d’autres matières dérivées du coton, des masques sortent depuis un certain temps des ateliers de couture et de quelques petites unités textiles. Au Maroc, la société SoftGroup s’est fixé pour objectif de produire 10 millions de cache-nez au profit des institutions.  Le Sénégal, la Guinée Conakry, le Liberia, le Madagascar, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et bien d’autres pays sont désormais des producteurs de masques. Les couturiers ou certains créateurs s’occupent de la couture et les commerçants et revendeurs ambulants s’approvisionnent à leur tour pour revendre sur le marché.

Des types de masques ivoiriens

Avant la pandémie du Covid-19, l’utilisation des masques de protection était courante chez le personnel soignant.  Chez les populations, elle différait selon les régions, les pays et surtout des climats.  Aussi dans les pays sahéliens comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso, les populations les utilisaient pour se protéger contre la poussière. Pour le cas du Burkina Faso, la plupart des masques étaient exportés de la Chine et d’autre pays. Désormais plus besoin d’en importer car l’artisanat utilitaire africain a résolu le problème.

Zolen, une marque de cache-nez burkinabè

Les exemples n’en finissent pas dans les pays touchés par la maladie. Face aux lignes qui bougent, le Burkina Faso, en tant que capitale de l’artisanat africain n’est pas en reste. Mieux pour faire la différence avec les autres types de masque sur le marché, certains couturiers burkinabè ajoutent la touche. C’est le cas de madame Tassembedo Paule Hélène responsable d’un atelier de couture à Ouagadougou. Depuis la survenue du covid-19 au Burkina Faso, elle a eu l’idée de lancer sa marque de cache-nez Zolen pour apporter sa contribution dans la lutte contre cette maladie. La particularité des cache-nez zolen est qu’ils sont faits avec le pagne tissé burkinabè, le Faso Dan Fani. C’est une occasion pour cette femme de promouvoir le pagne tissé en luttant contre la pandémie.

Les masques en Faso Dan Fani de ZOLEN

Les prix de cache-nez sur le marché burkinabè

Vendu autrefois à 150 ou 200 francs l’unité dans le passé à Ouagadougou, les prix ont flambé depuis l’apparition du covid-19. Il est ainsi passé à 300 francs CFA voire 500 francs CFA ou plus selon les types. Les prix de vente des masques diffèrent d’un vendeur à un autre. Madame Tassembedo vend les siens à 400 franc l’unité. Elle a retenu ce prix pour plusieurs raisons. D’abord, elle trouve que cette situation ne devrait pas être une occasion pour s’enrichir. C’est pourquoi à son niveau elle a décidé de les vendre à ce prix. Aussi le prix du pagne, de l’élastique et des autres dépenses a contribué à la fixation de ce montant.

Même si certains clients se plaignent de la cherté des prix, pour d’autres, il est encore moins élevé que dans les pharmacies. Certaines personnes préfèrent les masques ordinaires à ceux vendus en pharmacies qui selon eux ne durerait pas. C’est d’ailleurs à cause de cette surenchère que des citoyens ont eu l’idée de produire des masques comme alternative à ce que propose les pharmacies et certains commerçants. C’est face à cette surenchère que des personnes qui ont le gout des affaires se font de l’argent et répond simultanément à un besoin pressant de la société.

Face au péril humain en cours dans le monde, certains pays aux ressources limité font preuve de résilience de par les innovations de leurs populations. De telles situations révèlent le génie de l’homme, ce qui montre que tout est possible pourvu qu’il ait la volonté.

Arnaud Fidèle YAMEOGO

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