Covid-19 au Burkina Faso : Le réveil des génies
Les découvertes technologiques et les innovations dans les milieux de la santé ne cessent de se multiplier depuis la confirmation des premiers cas du coronavirus. Que ce soit les spécialistes de la santé ou de jeunes entrepreneurs, ces personnes laissent se réveiller leur génie et font parler leurs cœurs face à la crise sanitaire.
Au nombre des découvertes, il y a toute une série de respirateurs artificiels et des masques faciaux pour le personnel soignant. Ces génies ont toutefois besoins de plus que le soutien moral d’un gouvernement qui semble avoir perdu le gout du risque. Un risque pourtant capital pour une avancée de la recherche et des innovations porteuses de changement social positif.
La pandémie comme conjoncture des innovations ?
La recherche a longtemps été l’un des parents pauvres des financements publics et privés au Burkina Faso. Toutefois, en dépit de sa mise au banc des priorités publiques de l’Etat, il y a un travail qui se fait par les « rats de laboratoire » pour les uns et des entrepreneurs pour les autres. Ainsi, les travaux de ces derniers sont souvent tapis dans l’ombre sous le couvert de la modestie et de l’absence d’une politique de communication. Ainsi, depuis le début de la pandémie, il y a de plus en plus de lumière sur le travail de ces derniers.
Le respirateur mécanique de l’IRSAT
L’Institut de recherche en science appliquées et technologiques (IRSAT) est l’une des chevilles ouvrières de la recherche au Burkina Faso. Dans le cadre donc de la lutte contre la maladie à coronavirus, les chercheurs de l’IRSAT ont développé un prototype de respirateur mécanique. Celui-ci pourrait aider les malades en situation de détresse respiratoire.
Une délégation du Ministère de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et de l’innovation est allée encourager les concepteurs de ce prototype de respirateur. La délégation conduite par le président de la commission ad ’hoc du Covid-19, le Dr Serges Diagbouga a reconnu le mérite de l’équipe. Elle lui a alors demandé de constituer un dossier pertinent sur le prototype s’ils veulent qu’il soit accepté dans le milieu scientifique.
Innov challenge Covid-19
Lionel Kevin Nikiéma, Kader Ilboudo et Fabrice Simporé sont trois jeunes innovateurs burkinabè qui ont mis au point un respirateur artificiel. Le 18 avril 2020, cette équipe est allée présenter la fonctionnalité de leur appareil au Ministre en charge de l’économie numérique Hadja Ouattara/Sanon.
La conception de l’appareil s’inscrit dans le cadre de « Innov challenge Covid-19 ». Une compétition organisée par le ministère du développement de l’économie numérique et des postes en partenariat avec le ministère de la santé. Le programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) soutenait également cette compétition. Son objectif est de sélectionner la meilleure solution numérique qui servira à la mise en place d’une plateforme harmonisée des initiatives innovantes pour une supervision de la maladie du Covid-19.
Newlove Kwaku Issa, un génie des innovations technologiques
Kushiator Newlove Kwaku Issa Providence est un jeune inventeur burkinabè. Avec son atelier situé au quartier Tanghin de Ouagadougou, ce jeune entrepreneur a plusieurs inventions à son compte. Cet innovateur n’a pas attendu le coronavirus pour développer ses prototypes de respirateurs. Il s’agit de respirateur de ventilation pulmonaire et celui avec possibilité d’introduction de médicament. Ce dernier permet la transformation des médicaments de l’état liquide à l’état gazeux. Il permet également son inhalation au travers des voies respiratoires.
L’objectif selon le concepteur est d’attaquer le virus du Covid-19 dans les poumons. Ainsi, il va l’affaiblir et le tuer tout en dégageant les voies respiratoires. Cette invention avait déjà fait ces preuves dans le cadre du traitement d’autres maladies. Il s’agit notamment de la toux, du rhum et des sinusites avec des résultats positifs explique l’inventeur. C’est pourquoi dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, Monsieur Kwaku dit avoir besoin du soutien du ministère de la santé pour des essais sur des patients avec différents produits gazeux.
Pour Kwaku Issa, le remède pourrait venir de la solution respiratoire. Contrairement à la solution intraveineuse proposées par les grands laboratoires.
« Nous demandons au ministère de la santé de nous prendre très au sérieux. Nous disposons de connaissances nouvelles qui peuvent également se révéler très efficace » a lancé Kwaku Issa. En plus de ces deux prototypes un troisième est en cours de développement.
Les visières et valve respiratoire de chez WakatLab
WakatLab est un espace d’innovation et de conception présente à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Ce Fablab est un cadre ou quiconque peut aller apprendre aux côtés d’autres personnes. Wakatlab n’est pas resté en marge de la situation sanitaire. De jeunes talents ont créé des visières ou masques faciaux au profit du personnel soignant de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Ces innovations ont été fabriquées par des jeunes passionnés à partir des imprimantes 3D.
Au Burkina Faso, l’univers de la recherche et de la créativité a de beaux jours devant lui. Toutefois, il faut que les cris de cœur des acteurs soient attendus par les décideurs publics. A savoir une reconsidération du savoir-faire local par les autorités étatiques. Cela passe nécessairement par une politique de financement et d’encouragement de la créativité des burkinabè. En dépit des difficultés qu’ils rencontrent, les talents ne baissent pas les bras.
Arnaud Fidèle YAMEOGO