Burkina Faso : La noix de cola rend millionnaire
La noix de cola est le fruit du colatier. C’est une plante cultivée dans les pays tropicaux en Afrique de l’ouest et centrale côtière. Avec environ 260.000 tonnes, la Côte d’Ivoire est le leader mondial de la production de Cola. Ainsi, en 2018 la valeur de ses exportations avoisinait 78 milliards de francs CFA. La cola est de couleur blanche, jaune, rouge ou rose. D’une petite forme ovale, ce fruit a plusieurs usages au Burkina Faso.
Elle est utilisée dans l’industrie pharmaceutique et alimentaire. Aussi, elle est indispensable dans plusieurs cérémonies coutumières en Afrique. Parfois, elle est consommée pour ses vertus thérapeutiques. Tous ces bienfaits lui confèrent une force économique. Au Burkina Faso, le commerce de ce fruit est un business florissant faiseur de riches.
La vente de la noix de cola est une activité florissante. Elle fait la réputation et le succès économique de certaines familles de millionnaires burkinabè. Il est difficile de parler de ce business sans évoquer le défunt richissime homme d’affaires burkinabè Oumarou Kanazoé. Ce serait dans le commerce des noix de cola que celui-ci s’est révélé avant de faire fortune en diversifiant ses entreprises. D’autres opérateurs économiques comme lui sont passés par ce commerce, même s’ils sont dans l’ombre comme l’activité elle-même.
L’histoire d’une vie consacrée à la noix de cola
EL Hadj Ibrahim Sawadogo est un commerçant au marché de la noix de cola à Ouagadougou au Burkina Faso. La vie de cet homme est intimement liée à ces noix. Il est issu d’une famille d’éleveurs et de commerçants. Depuis son jeune âge, le désormais El Hadj Sawadogo cumulait vente de cola et activité de berger.
« Voici maintenant plus de 50 ans que je suis dans le commerce de la noix de cola » nous confie El Hadj Sawadogo. Il y a de cela 26 ans qu’il est venu s’installer à Ouagadougou. Aujourd’hui, il fait partie des grands commerçants des noix de cola de la capitale voire du Burkina. Son chiffre d’affaires annuel s’élève à plusieurs millions de francs CFA. Toute sa vie, il la doit à cette activité qui lui a permis d’aller à la Mecque, de prendre soin de ses épouses et de ses enfants. C’est pourquoi il ne cesse de rendre grâce à Dieu d’avoir trouvé son business dans le précieux sésame ivoirien.
Le marché de la noix de cola au Burkina Faso
Selon EL Hadj Sawadogo, chaque mois, environ 30 camions viennent décharger les paniers de noix au marché de cola de Ouagadougou. En provenance de la Côte d’Ivoire, les noix de cola passent par la route ou par les rails. « Nos parents s’approvisionnaient au Ghana. Mais depuis que nous avons pris le relais c’est en Côte d’Ivoire que nous nous approvisionnons » nous explique El Hadj Sawadogo. Le commerce se fait en gros et en détail. L’unité de mesure est le panier qui équivaut au sac de 50 kilogrammes.
Les détaillants prennent le panier auprès des grossistes aux prix de 42.000 et 42.500 à en croire le grossiste El Hadj Sawadogo. Au détail, les prix vont de 25 francs CFA à 50 francs voire plus. Le prix d’une noix dépend de sa taille, de sa couleur de sa forme et surtout de sa symbolique. C’est à partir du marché de cola de Ouagadougou que plusieurs revendeurs venus de l’intérieur du pays s’approvisionnent.
Les noix de cola n’aiment pas la chaleur
Les noix de cola sont des fruits qui ne résistent pas aux fortes températures. Pour cette raison, El Hadj Ibrahim Sawadogo a subi des pertes d’environ 1 million de francs CFA dans la période d’avril à mai 2020. Ces pertes sont imputables aux mauvaises conditions de conservation et de transport et surtout à la chaleur.
La consommation et la transformation des noix de cola
Le marché de la noix a un caractère international. Ces noix s’emploient dans la pharmacie moderne. En outre, elle est une composante importante dans l’industrie textile pour la teinture. Dans l’agroalimentaire, la noix de cola est utilisée pour la fabrication de boissons gazeuses, tonifiantes et énergisantes. Des vins, de liqueurs et autres produits à base de cola sont fabriqués.
Dans la médecine traditionnelle africaine, on utilise la cola pour traiter certaines maladies (toux, fontanelle, diarrhée, etc.). Traditionnellement, la cola se prend comme stimulant contre le sommeil et la fatigue. A cela s’ajoute son importance dans les évènements sociaux. Elle est incontournable lors des dotes, des baptêmes, des funérailles, dans les sacrifices et des rites coutumiers. Cette noix s’utilise également dans l’industrie alimentaire. Le célèbre soda américain en est un exemple.
Comment se lancer dans la vente des noix de cola au Burkina Faso?
Autrefois, seuls les membres du syndicat de commerçant des noix de cola avaient le monopole des importations et de la vente. Mais avec l’ouverture du marché tout a changé. Désormais n’importe qui peut s’y aventurer. Pour ceux qui veulent s’installer au marché de cola, il suffit de respecter les règles de vivre ensemble édicter par le groupement des commerçants. Et avec 42.500 francs CFA, il est possible de commercer au détail avec un panier. Le commerce en gros quant à lui demande plus de moyens.
Le commerce de la cola à un visage assez masculin et vieux au pays des hommes intègres. Pourtant, l’intérêt des jeunes pour cette activité pourrait la moderniser et lui redonner son dynamisme d’antan.
Arnaud Fidèle YAMEOGO