Covid-19: Zolen en renfort dans la lutte !

L’art vestimentaire burkinabè a connu des jours meilleurs ces dernières années. Du sommet de l’Etat jusqu’au citoyen lamda, ils sont nombreux à consommer le Faso Dan Fani à tel point qu’il est devenu un label. Des champs de coton au consommateur en passant par les tisseuses et les couturiers, la filière Conton fait vivre des milliers de personnes.  Madame Tassembedo née Zoromé Paule Hélène fait partie des actrices de cette chaine de valeur du coton burkinabè. Responsable d’un atelier de couture, elle s’est spécialisée dans la couture de tenues vestimentaires à base du Faso Dan Fani.

En plus des tenues, Hélène Tassembedo a récemment lancé sa marque de cache-nez « Zolen ». Son objectif est d’apporter sa touche barrière au Covic-19 et faire la promotion de ce pagne. Plus tard, elle ambitionne faire du port des cache-nez, une habitude des populations pour lutter contre certaines maladies respiratoires. A la découverte du sous-secteur artisanal de la couture au Burkina Faso avec une femme entreprenante et passionnée de l’art vestimentaire.

Le pagne tissé burkinabè appelé Faso Dan Fani s’adapte à tous les âges, à tous les styles, au climat et même à la lutte contre le coronavirus. Depuis la survenue de cette pandémie, les initiatives barrières au niveau du Burkina Faso ne cessent de voir le jour. Considéré comme le continent le plus vulnérable face au Covid-19 par l’organisation mondiale de la santé (OMS), les pays africains développent des initiatives de résilience remarquables.

Les cache-nez : la nouvelle trouvaille de Zolen

Le cache-nez Zolen est la dernière trouvaille de Tassembedo née Zoromé Paule Hélène. Dérivé de Zoromé son nom et de Hélène son prénom, Zolen est l’appellation de son atelier de couture mixte. C’est dans ses locaux sis au quartier Cissin de Ouagadougou qu’elle nous reçoit. L’idée de confectionner des masques tire sa source de l’avènement de la maladie du Covid-19 au Burkina.

En mars 2020, le Burkina Faso enregistrait ses tout premiers cas de malades du covid-19. C’est en ce moment que madame Tassembedo eu l’idée de fabriquer les cache-nez de la marque zolen. Mais avant de les mettre sur le marché, il y a eu une phase d’essai pour tester son confort.

« Moi-même j’ai porté et j’ai vu que ce n’est pas lourd, on respire facilement et on ne transpire pas trop parce que c’est du coton » nous explique la créatrice. La particularité des masques est qu’ils sont faits à base de pagne tissé burkinabè, de popeline de coton et des élastiques. De plus, il y en a pour enfant et pour adulte.

Selon la responsable de l’atelier, ils sont utilisables plusieurs fois contrairement à certains cache-nez venus de l’extérieur.  « Il suffit juste de les laver avec le savon sans détergent » a-t-elle insisté. L’atelier a une capacité de production de plus d’une centaine de cache-nez par jour.

Ils sont disponibles à Ouagadougou au prix unitaire de 400 franc CFA. Pour la créatrice, la fixation du prix obéit à une logique de solidarité collective. « Je vois ce que cette maladie est en train de créer économiquement. En même temps que les gens veulent manger ils doivent se protéger. J’ai fixé le prix par rapport au matériel que nous utilisons dans la production » nous confie cette amoureuse du pagne tissé.

Avec son équipe, Hélène Tassembedo produit une centaine de cache-nez par semaine

Le profit n’est pas la priorité chez madame Tassembedo. Plusieurs autres raisons ont sous-tendu l’idée de cette dame. Elle entend premièrement apporter sa touche à la lutte contre le covid-19.  Deuxièmement, il s’agit pour elle de contribuer au changement des mentalités des burkinabè quant à la nécessité de consommer local. Et cela passe par la promotion du Faso dan fani. Mieux, sa vision va au-delà du coronavirus dont elle a espoir de sa fin prochaine.

Elle veut vulgariser le port régulier du cache-nez Zolen dans les habitudes des burkinabè. Et ce, au regard des maladies respiratoires qui sévissent dans les pays de climat sahélien. Pour cela zolen a décidé d’offrir à chaque client qui vient coudre une tenue, un cache-nez afin de participer à la lutte contre les maladies respiratoires.

Les autres produits de la collection Zolen

Le cache-nez n’est pas la seule création chez Zolen couture. Il a à son actif plusieurs produits aussi bien pour hommes que pour dames. En fonction du style, du sexe et des âges, chacun y trouve son compte. Le Faso Dan Fani est au cœur de la création de notre hôte.

C’est le cas par exemple de chemise « style cubain » qui est aussi l’une des trouvailles de Zolen. Elle est faite de tissu blanc de coton recouvert à quelques endroits de morceaux de Faso Dan Fani. Du côté des femmes et des jeunes, il y a les robes et des chemises en pagne tissé et à des prix concurrentiels.

Les prix sont acceptables comparativement à ceux d’autres créateurs de l’avis de la patronne des lieux. « Chez nous si quelqu’un vient avec son tissu, on commence à partir de 15.000 francs CFA. Pour ceux qui viennent sans tissus, le tout s’élève à 25.000 et c’est l’atelier qui trouve le tissu » détaille notre interlocuteur.

Zolen habille également les populations

Tout dépend des motifs voulus par le client. Mais les tenues hommes coûtent relativement moins cher que les tenues dames. C’est pourquoi Paule Tassembedo veut davantage promouvoir le Faso dan Fani auprès des hommes. Pour ce faire, elle peut compter sur les tisseuses de son voisinage, car son atelier se trouve dans une petite industrie à ciel ouvert de pagne tissé. De quoi développer une économie sociale et surtout solidaire.

Une économie de solidarité à petite échelle

Le concept de consommons burkinabè, madame Tassembedo l’a bien compris. En effet, c’est auprès de ses voisines de quartier que dame Helène s’approvisionne en matière première pour la confection de ses cache-nez et des autres articles vestimentaires.

A travers cet exemple d’économie social, Paule Tassembedo se dit fière de contribuer un peu à l’épanouissement des familles de son quartier. Elle explicite le fond de sa pensée : « si tu veux aider, regarde autour de toi et aide d’abord à côté de toi. Si tu laisses chez toi et tu pars commander ailleurs et celui qui est à côté de toi et qui en fait ? c’est cela même l’idée de consommons burkinabè pour moi ».

Avec Hélène Tassembedo , c’est une économie solidaire qui s’est développée

Témoignage d’une collaboratrice d’affaire

Voici maintenant 10 ans que Suzane Tondé, une tisseuse et voisine de quartier de la couturière, vit de cette activité. Elle vend ses pagnes à sa collaboratrice d’affaire Paule Helène Tassembedo. Interrogée sur cette relation elle nous donne des réponses. « Si nous finissons de tisser les pagnes, nous vendons avec la voisine et chacune gagne ce qu’elle doit gagner.

Nous rendons grâce à dieu car avec cette solidarité nous arrivons à manger et à subvenir aux besoins de nos familles » nous confie cette tisseuse. Cette forme de solidarité leur aide économiquement à faire face à la scolarité de leurs enfants et aux dépenses courantes des familles.  Madame Susane n’est pas la seule à en profiter. Plusieurs autres femmes monnaient leur service auprès de leur voisine dans une bonne ambiance. Paule Hélène Tassembedo prône l’entraide entre africains.

Suzane Tondé est une tisseuse de pagnes. Elle est très fière de sa collaboration avec Hélène Tassembedo

Un parcours aux côtés de Pathé’O

C’est en Côte d’Ivoire que madame Tassembedo a fait ses débuts dans la couture mixte. Après deux ans de formation dans une école de couture au bord de la lagune Ebrié, elle est par la suite envoyée chez Pathé’O à Treichville dans un atelier de couture appartenant à cette célébrité de la mode en Afrique.

« Je me rappelle bien que c’est une congolaise du nom de Lucie qui m’apprenais la couture » nous explique la jeune Zoromé d’antan. Son apprentissage aux côtés de Pathé’O fut une expérience pour cette passionnée de l’art Vestimentaire.

Après le départ de sa patronne c’était autour de Hélène Zoromé de grandir. Elle prit alors la place de celle-ci pour encadrer d’autres jeunes venus apprendre. Le savoir-faire de madame Zoromé dépasse le cadre de sa machine. Au regard de ses aptitudes en marketing, elle va rejoindre l’équipe des défilés de mode. Elle s’occupait de l’habillage des mannequins. C’est ainsi que l’épouse Tassembedo a parcouru la Côte d’Ivoire et d’autres pays.

« Nous prenions part au FESPACO et au SIAO à chaque fois que Paté’O était invité » poursuit -elle.

La vision d’un centre de couture

Après avoir fait ses preuves en Côte d’Ivoire, Paule Hélène Tassembedo prend congé de Pathé’O en 1996. Elle poursuit sa vision au pays Burkina. Une fois au pays, madame Zoromé décide de créer un centre de couture. Ce centre a donc pour objectif d’accueillir des jeunes gens déscolarisés. Toute chose qui leur permettra de développer une activité pour subvenir à leurs besoins.

L’accomplissement du rêve de madame Tassembedo n’est pas sans difficultés.

« J’ai pu acquérir les machines mais les moyens pour l’acquisition d’un terrain pour le centre n’existaient pas » confie-t-elle. Mais cela n’entache en rien sa volonté de continuer le combat pour la réalisation de sa vision. En attendant elle se consacre à son atelier de couture. Elle y emploie un chef tailleur, un tailleur et une secrétaire.

Arnaud Fidèle YAMEOGO

 

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