La cordonnerie : Vivre de ce métier, c’est possible
Souleymane Zampou est un cordonnier depuis maintenant une vingtaine d’année. Pratiquant cette activité depuis sa tendre jeunesse, il avoue qu’avec celle-ci, il arrive à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Son atelier est basé au quartier 1200 logements de Ouagadougou. Bizya Africa est allé à sa rencontre pour mieux comprendre l’activité de la cordonnerie et ses retombées.
Bizya Africa : Bonjour Mr, veuillez-vous présentez à nos lecteurs.
Souleymane Zampou : Je suis Souleymane Zampou, j’exerce le métier de la cordonnerie depuis plus de 20 ans.
Bizya Africa : Dites-nousen quoi consiste exactement le travail d’un cordonnier ?
Souleymane Zampou : Mon activité consiste essentiellement à réparer les chaussures de tout genre, c’est à dire les coudre, les coller, les nettoyer, les cirer. Il s’agit également de changer les semelles et les talons entre autres. Par ailleurs j’arrange aussi les sacs et je vends également des lacets, des chaussures neuves ou d’occasion. C’est un travail qui se fait essentiellement à la main avec quelques outils de cordonnerie.
Bizya Africa : Comment avez-vous débuté cette activité ?
Souleymane Zampou : J’ai fait l’école coranique à mon enfance. Etant donné que les parents n’avaient pas les moyens pour subvenir à nos différents besoins, j’ai décidé d’apprendre un métier qui me permettrait d’avoir un peu d’argent. C’est ainsi que j’allais aider un cordonnier de nationalité ghanéenne. Petit à petit, j’ai appris le métier.
Bizya Africa : Racontez-nous comment se passe votre travail au quotidien.
Souleymane Zampou : Je travaille de 08h à 19h, du lundi au samedi. Dès 08 heures, je suis dans mon atelier. Les clients viennent à partir de cette heure pour la réfection de leurs chaussures. Je passe généralement le temps assis pour faire mes différentes tâches.
Bizya Africa : Bizya africa : Comment se porte votre business ?
Souleyman Zampou : Oui ça va, j’ai fréquemment des clients. Par jour, je peux accueillir une vingtaine à une trentaine de clients. Je ne plains pas. Même si avec l’arrivée du terrorisme et de la pandémie de la Covid-19, mon chiffre d’affaire a littéralement chuté. Cela parce que j’avais beaucoup de clients étrangers qui ne sont plus là. Avant je pouvais avoir une recette journalière comprise entre 7000Fcfa et 10.000Fcfa par jour et souvent même plus. Mais ces temps-ci, j’ai au moins 3000Fcfa quotidiennement. Tout compte fait, je m’en sors très bien avec mon activité de cordonnerie. Grâce à cela, j’ai pu construire une maison et j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. Aussi j’ai pu remplacer le bœuf que j’avais vendu et j’en ai plusieurs aujourd’hui. Je ne regrette pas d’être cordonnier.
Bizya Africa : Qui sont vos clients ?
Souleymane Zampou : Nous avons des clients de tout genre. Hommes, femmes comme enfants et de tout âge.
Bizya Africa : Avez-vous eu un quelconque financement pour le début de cette activité ?
Souleymane Zampou : N’ayant pas d’argent pour pouvoir travailler à mon propre compte, j’étais obligé de vendre mon seul bœuf que j’avais au village à 150.000Fcfa. J’ai pris 50.000Fcfa pour financer mon activité c’est-à-dire trouver un local et acheter les différents matériels de travail.
Bizya Africa : Que faut-il à une personne qui désire se lancer dans cette activité ?
Souleyman Zampou : Etant donné que j’ai commencé mon activité avec 50.000Fcfa, je pense que toute personne qui veut débuter ce métier doit avoir au moins 100.000Ffcfa. Je dis cela parce que le prix des matériels de cordonnerie maintenant a excessivement augmenté. Avec 100.000Fcfa, tu peux te trouver un local et acheter le matériel indispensable à la cordonnerie, à savoir le fil, la colle, le tranchet, la lame, l’aiguille, les différents marteaux, les pinces entre autres.
Bizya Africa : Quels conseils donnez-vous à celui qui veut se lancer dans la cordonnerie ?
Souleymane Zampou : Il faut nécessairement aimer le métier d’abord. Sinon vous risquez d’abandonner. La patience est de mise pour être un excellent cordonnier. Le reste va venir au fur et à mesure. C’est un métier passionnant. Je suis disponible pour former toute personne qui désire apprendre le métier.
Bizya Africa : Rencontrez-vous des difficultés dans votre métier ?
Souleymane Zampou : La difficulté majeure dans cette activité est que tu peux facilement te blesser. Cela puisque nous travaillons avec des objets tranchants. Aussi, il arrive souvent que les chaussures qui viennent soient très sales, ce qui peut nous rendre malade.
Interview réalisé par Rabi Kaba