L’installation de l’usine Turque de transformation de coton à Ouagadougou, serait-elle devenue une pomme de discorde entre les Burkinabè ?
Le 02 février le patron turc du groupe Ayka Textile, Yusuf Aydeniz a annoncé son intention de construire une usine de fabrication de vêtements à Ouagadougou dans un délai de 06 mois. Un méga-projet de près de 225 milliards de francs CFA soit 343 millions d’euros, qui devrait être mis en chantier courant 2018 et livrer son premier lot de vêtements prêt à porter d’ici fin 2020.
Le projet sera porté par une société d’économie mixte détenue à 45% par l’Etat et 55% par Ayka Textile avec pour promoteur Yusuf AYDENIZ. Ayka Textile, est un groupe fondé à Istanbul en 1988 et présent en Afrique depuis 2005, date à laquelle a été lancé son site industriel intégré (filature, tricotage, fabrication de pièces, etc.) de Alem Gena à 20 kilomètres d’Addis-Abeba, en Ethiopie. Ce site, qui selon Jeune Afrique, avait représenté un investissement de 250 millions de dollars soit 200 millions d’euros, emploie 7 000 personnes.
Employées de l’usine de textile « Ayka Addis » d’Ethiopie
Le bénéfice de ce projet pour le Burkina Faso
Pour le Burkina, pas moins de 12 000 emplois directs sont annoncés par la société turque, qui évoque sept unités de production (filature, tissage, tricotage, teinture, recyclage de fils et de tissus et enfin confection de vêtement), auxquelles s’ajoutera un centre de formation spécialisé dans les techniques de transformation de coton et confection industrielle de vêtements. Une unité de fabrication d’emballages carton, une centrale thermique de 25MW et une station d’épuration et recyclage des eaux usées sont également prévues.
Quel est le point de discorde ? pourquoi la polémique ?
L’annonce de l’installation de l’usine Turque de transformation, a été saluée à sa juste valeur par les burkinabè. Elle a aussi suscité des questions sur le choix de l’installation de l’usine à Ouagadougou. D’aucuns estiment que l’Etat se devait de conseiller Ayka Textile pour que l’usine soit installée dans une zone comme Bobo Dioulasso, qui outre le fait d’être la capitale économique offre plus d’opportunités pour le fonctionnement efficient de l’usine.
L’Etat quant à lui se défend en affirmant que le choix de l’installation de l’usine à Ouagadougou a été exclusivement fait par l’actionnaire majoritaire, Ayka Textile. En supposant que l’installation de cette usine repose sur un plan d’affaires solide prenant en compte le contexte du Burkina Faso, les 12 000 emplois directs et les nombreux indirects seront d’un impact certains sur le développement socioéconomique du pays des Hommes intègres. Il appartient désormais aux producteurs locaux de pagnes comme le Dan Fani et le Koko donda, d’évaluer les menaces et les opportunités qu’offre cette nouvelle usine, afin de se repositionner sur les marchés.
Balguissa SAWADOGO
Bizya