Sortie des smartphones Mate 30 et Mate 30 Pro de Huawei: L’ingénieuse alternative du géant de l’électronique chinoise contre les sanctions américaines

Huawei, le géant chinois du smartphone fait un retour en force. Jeudi dernier, le numéro deux mondial du smartphone a dévoilé à Munich en Allemagne son nouveau smartphone haut de gamme déclinée en deux versions, le Mate 30 et le Mate 30 Pro. Cette sortie de la société chinoise pour présenter ses nouveaux produits témoigne de ses capacités de de prendre son indépendance numérique.  

Le géant chinois du téléphone Huawei a confirmé jeudi à Munich en Allemagne, que son nouveau smartphone haut de gamme serait commercialisé sans applications Google préinstallées en raison des sanctions américaines prises à l’encontre de la société. « En raison de l’interdiction imposée par les États-Unis, nous ne pouvons pas préinstaller les applications Google », a déclaré Richard Yu, directeur des services aux consommateurs chez Huawei. Malgré cela, a-t-il souligné, la marque chinoise offre l’accès à 45 000 autres applications via sa plate-forme. Pour les futurs possesseurs des Mate 30, l’écosystème d’Huawei, l’Apps Gallery, sera la solution de recours. Mais cette boutique ne référence qu’un nombre très modeste d’applications, selon les chiffres présentés jeudi par Huawei il y a 45 000 applications contre plus de 4 millions actuellement disponibles sur le Play Store d’Android. Pour rattraper ce retard, le constructeur chinois a évoqué un programme d’incitation destiné aux créateurs d’applications. Richard Yu a annoncé un investissement de « plus d’un milliard de dollars » pour « aider les développeurs d’applications » et ainsi éviter la dépendance du public aux services du géant américain.

Les innovations numériques de Huawei sans les services Google

Les Mate 30 et Mate 30 pro n’ont pas le moteur de recherche Google intégré ni YouTube, mais « Huawei Browse » et « Huawei Music video. Le Mate 30, un appareil de puissance et aux qualités photo et vidéo défiant toute concurrence, est le premier à subir les conséquences de la guerre commerciale qui oppose la Chine et les USA. Huawei figure dans une liste d’entreprises suspectes établie par le ministère américain du Commerce avec lesquelles les firmes américaines ne peuvent commercer sans le feu vert des autorités. Google, comme toutes les entreprises américaines de communication et en attendant l’issue des négociations entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, reste donc bloqué au feu rouge et ne peut pluss ou du moins pour l’instant faire des affaires avec le chinois.

Le Mate 30 Pro: Le Smartphone de Huawei qui fonctionne sans les services de Google

Cependant, le Mate 30 fonctionne avec la dernière version d’Android (10) de Google. La version installée, dite « libre » mais low-cost, n’est pas complète car dépourvue de l’essentiel aux yeux de la plupart des utilisateurs : pas de Gmail, de Google Maps ou encore de champ de recherche Google. Pas plus que d’icônes Facebook, Twitter, Instagram ou WhatsApp, des applications que l’on télécharge depuis la boutique de logiciels en ligne Play Store de Google.

Pour tenter de se sortir de ce mauvais pas, Huawei, qui commercialisera son Mate 30 en Chine le mois prochain, met en avant sa propre boutique d’applications. On peut en effet, à partir d’« AppGallery », télécharger des centaines d’applications différentes mais qui ne sont pas conçues USA.

S’il est lancé dans sa configuration actuelle, le Mate 30 devra certainement se contenter d’être un appareil apprécié par les geeks, sensibles à ses qualités techniques. Cependant il faut noter qu’une tactique qui a été tentée avec succès par certains utilisateurs permet à Huawei de contourner l’embargo américain.

En utilisant le logiciel de Huawei baptisé « Phone Clone », qui permet de transférer l’ensemble des données d’un smartphone de la marque à un autre en quelques minutes, des utilisateurs ont réussi à installer l’application Facebook et à créer un compte sur un Mate 30.

Le Mate 30, un monstre de puissance

D’un point de vue strictement technique, le Mate 30 s’annonce comme un redoutable concurrent pour les mobiles Samsung et Apple. Surtout son modèle Pro, facturé 1 100 euros contre 800 euros pour le modèle Mate 30 de base, qui bénéficie de fonctions plus avancées.

D’après les présentations du modèle, jeudi, les bords gauche et droit de son écran affichent une courbure qui, au-delà de son impact esthétique, rend le smartphone moins large en main. Un raffinement que peu de constructeurs maîtrisent et qui, jusqu’à présent, a plutôt amélioré l’ergonomie des smartphones, en permettant au pouce de voyager plus librement sur leur écran.

La partie photo du Mate 30 est soignée, avec un triple capteur photo permettant trois niveaux de zoom : très large (18mm), large (27mm), et serré (80mm). Au fil des années, la marque chinoise est devenue l’une des meilleurs spécialistes de la photographie mobile, et le Mate 30 Pro paraît armé pour déstabiliser Samsung et Apple.

Il intègre notamment deux capteurs photo de plus grande taille que ceux de ses concurrents, un point important pour la qualité d’image. Huawei insiste sur la qualité des vidéos en très grand angle (18mm), qui profiterait de son capteur particulièrement large.

Le modèle Pro sera par ailleurs disponible dans une version 5G compatible avec un grand nombre de normes d’antennes, ce qui en ferait un mobile potentiellement compatible avec tous les réseaux téléphoniques mondiaux, si l’on en croit Huawei. Le nouveau téléphone de Huawei offre 9,2 heures d’utilisation continue en module photo quadruple 5G et comportera des modèles en six couleurs, l’une recouverte de cuir imperméable.

Huawei prêt à contourner Google

Pour mémoire, Huawei, qui est devenu l’ennemi mortel de Washington, a été directement attaqué par les États-Unis dans sa guerre commerciale avec Beijing et, en mai, inscrit sur une liste du gouvernement américain.

A travers ce nouveau développement sans les services de Google, Huawei entend accéder à sa souveraineté numérique. Si la guerre commerciale se poursuit, Huawei entend développer un écosystème technologique lui conférant la pleine souveraineté sur son système d’exploitation (OS), y compris les magasins d’applications où règnent Google et Apple. La société Shenzen a présenté HarmonyOS au début du mois, son propre système d’exploitation qui pourrait remplacer Android sur ses appareils, mais n’est pas encore sur Mate 30. Manquant d’un système 100% chinois rapidement développé et capable d’attirer des utilisateurs hors d’Asie, le président du comité Huawei, Eric Xu, a également fait pression pour une alternative européenne à l’Android de Google et à l’iOS d’Apple.

Valentin Youmanli

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