Tresses africaines : Faire de l’argent avec un peigne et un tabouret
Les tresses traditionnelles africaines sont l’une des plus vieilles coiffures du continent. Autrefois, c’était les rois et les guerriers noirs qui les portaient pour marquer leur grandeur et leur notoriété. Abandonnées à un moment au profit des coiffures étrangères, les tresses africaines font à nouveau surface.
De nos jours, beaucoup de femmes ont renoué avec cette coiffure qui reflète la culture africaine. Des coiffeuses aux talents avérés, ont modernisé les tresses africaines. Au grand bonheur de certaines femmes et jeunes filles qui ne s’en passent plus. Ainsi, des salons de coiffure entièrement dédiées à ces tresses sont nés. Ils constituent les principales sources de revenues de leurs initiatrices. Bizya africa est allé à la rencontre de ces dernières pour découvrir le métier de tresseuse.
Les tresseuses à Ouagadougou
Il est 15h quand nous arrivons au salon de Marcelline Zemba. Le salon est au quartier kilwin de Ouagadougou. A l’entrée du salon, des cheveux, des peignes, des perles et autres outils de coiffure trainent un peu partout. Assise sur une chaise, peigne en main et tressant une cliente, Marcelline Zemba spécialiste des nattes africaines nous accueille.
Après salutations, nous lui donnons l’objet de notre visite et elle se prête volontiers à nos questions. Marcelline exerce ce métier depuis une vingtaine d’années. Elle nous confie l’avoir appris au côté de sa mère depuis son bas âge. « Ma mère était une tresseuse et c’est elle qui m’a appris ce métier. Au début, je la regardais tresser, pour mieux comprendre comment elle le faisait.
C’est comme cela que petit à petit, j’ai commencé à le faire moi aussi. Je n’ai pas été inscrite à l’école, donc j’ai décidé de me lancer dans les tresses africaines. Je fais essentiellement les nattes africaines simples et les nattes renversées. Ces nattes sont pour la plupart du temps accompagnées de perles. Les prix vont de 200fCfa à 1500fCfa».
Dans un autre quartier de la ville, nous avons échangé avec Hélène Konkobo, une autre tresseuse de nattes africaines. Elle fait ce métier depuis une trentaine d’années : « C’est depuis l’école primaire que j’ai appris à faire les nattes. Depuis lors, j’ai mon local où je reçois mes clientes. Par jour, nous pouvons accueillir une dizaine de clientes. Elles sont pour la plupart des femmes, des jeunes filles et des fillettes ».
Vivre des tresses africaines
A en croire ces tresseuses, les nattes africaines constituent leurs principales activités. Grâce à cette activité, elles arrivent à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. « Par jour, nous pouvons faire une recette de 7000fCfa et parfois plus. Depuis que je tresse, je paie la scolarité de mes enfants et je contribue aux dépenses familiales », nous dit Marcelline Zemba.
Un métier sans grande difficulté
Selon les tresseuses de nattes africaines, cette activité n’est pas aussi complexe. Pour Hélène, la difficulté majeure réside chez les fillettes car il est difficile de les tresser. Beaucoup refusent de se laisser tresser. Elles pleurent pendant qu’on les tresse. Cela nous prend beaucoup de temps ce qui diminue notre recette. Aussi, après avoir fini de natter, on a souvent des maux d’yeux ».
Les tresses africaines, un moyen de lutte contre le chômage
Les nattes africaines sont un moyen de lutte contre le chômage des femmes. Les tresseuses nous confient avoir initié leurs filles à ce métier « J’ai deux filles et elles toutes font cette activité. Aujourd’hui elles ont toutes leurs propres salons et elles gagnent bien leur vies ». Nous relate Marcelline ».
Hana Diabré est une fille de Hélène Konkobo ; elle tresse aux côtés de sa mère. La vingtaine révolue, elle dit faire cette activité depuis maintenant six ans. Ce qui lui permet d’avoir un peu d’argent pour faire face à ses besoins.
« Si tu sais natter, avec un peigne de 200 FCFA, une chaise et un tabouret, tu peux commencer les nattes africaines. En plus on n’a pas forcément besoin d’un local pour un début. Les nattes peuvent se faire partout.
C’est une activité noble et ça fait plaisir de voir que ton travail est apprécié par la clientèle. Aux jeunes filles qui se laissent aller disant qu’il n’y’a pas de travail, les nattes africaines peuvent vous permettre d’avoir de l’argent. Tout s’apprend et c’est petit à petit que tu pourras parfaire les nattes » explique Hélène.
Rabi Kaba