Covid-19 et business : Zoom sur le marché des lave-mains au Burkina Faso

Depuis la survenue du Covid-19 au Burkina Faso, le lavage des mains est l’une des mesures conseillées aux populations par les autorités sanitaires. Que ce soit dans les services, les supermarchés, les pharmacies et dans les restaurants, un dispositif est prévu à cet effet. A côté de ce geste qui protège, certains entrepreneurs sociaux ont saisi l’opportunité pour fabriquer et vendre ces dispositifs. Il en existe plusieurs modèles en fonction des bourses. Entre recherche du profit et nécessité de santé publique, nous vous proposons une immersion dans la vente des lave-mains à Ouagadougou.

Autrefois utilisé pour de simples mesures d’hygiène, le lave-main est devenu de nos jours un outil de lutte contre la propagation du coronavirus. En effet, le lavage des mains demeure un des moyens pour éviter la contagion d’une personne à une autre. C’est pourquoi, il a été recommandé aux populations par les autorités, créant ainsi une bonne affaire pour les fabricants et les vendeurs. Avec la crise sanitaire dans le monde et au Burkina Faso, la demande des lave-mains a connu une hausse sur le marché. Les dispositifs d’hygiène appelés communément lave-mains diffèrent selon les tailles, les prix et la technique de lavage utilisée.

Les lave-mains à double pédales de Rasmata Sakandé

Il y a toute une gamme de lave-main à pédales fabriquée par des particuliers. Résidant dans le quartier Nagrin de Ouagadougou, Rasmata Sakandé vend des lave-mains qu’elle fabrique en collaboration avec un soudeur de la place. Il s’agit d’un lave-mains à double pédales. Cet instrument fonctionne tel un vélo. Les deux pédales ouvrent respectivement les sorties de savon et d’eau. L’eau est recueillie dans un récipient qui se vide au fur-et-à-mesure dans un bidons situé dernière l’appareil. Dame Sakandé commercialise ses lave-mains au prix de 95.000 franc CFA. Le lave-main est en forme de parloir avec les deux seaux de savon et d’eau situés au-dessus de l’instrument. Il a un avantage esthétique avec une grande capacité de rétention des eaux sales.

Rasmata Sakandé fabrique des lave-mains à double pédales

Le lave-main à double pédales du BRTT

Le Bureau de recherche et de transfert de technologie (BRTT) a développé un dispositif de lavage des mains. La technique utilisée est celle des pédales de pompage d’eau et du savon. Il a été mis au point par Kushiator Newlove Kwaku Issa dit providence, le Directeur de ce bureau. C’est au regard des risques élevés de contagion lié à la manipulation du robinet des lave-mains ordinaires, que cet inventeur a proposé ceux à pédales. Avec ce système, le savon liquide et l’eau coulent à l’aide de deux pédales différentes. La première pédale actionne la coulée du savon et la seconde pompe l’eau, ce qui réduit les risques de contagions.

L’objectif premier du BRTT n’était pas de vendre ses solutions directement aux clients selon les mots de son Directeur. Mais avec la demande qui se manifeste sur le marché, il a développé ce dispositif qu’il met à la disposition de la clientèle. Le prix du lave-main à double pédale du BRTT est de 50.000 franc CFA. Même si les clients sont séduits par ce type de machine, ils estiment que son prix n’est pas à la portée de tous. « Les clients apprécient beaucoup nos lave-mains mais beaucoup trouvent que les prix sont élevés » explique Monsieur Kwaku.

Pour ce faire, d’autres modèles sont disponibles. Il s’agit des lave-mains avec une seule pédale de pompage de l’eau disponible au prix de 40.000 franc CFA et un autre d’une plus petite capacité à 30.000 franc CFA. Avec le bénéfice généré par la vente de ses lave-mains, Issa Kwaku développe et refinance ses recherches.

Le lave-main mis au point par le BRTT

Ouédraogo Moussa fabricant et vendeur de lave-mains ordinaires à Tampouy

Ouédraogo Moussa est un peintre de bâtiment de profession résident à Ouagadougou. Entre deux marchés de peinture, Monsieur Ouédraogo se consacre à son atelier de fabrication de poubelles et de lave-mains. Dans la fabrication des dispositifs de lavage, Moussa Ouédraogo cumule plusieurs années d’expérience. En effet voici maintenant près de quatre ans qu’il produit des lave-mains. Mais au début, il s’approvisionnait auprès d’autres personnes qu’il revendait souvent à perte. C’est alors qu’il a décidé de fabriquer lui-même ces lave-mains et de les vendre.

A la survenue du Covid-19 au Burkina Faso et à la prise de mesures barrières, le chiffre d’affaire journalier de Monsieur Ouédraogo a augmenté considérablement. En effet, il pouvait vendre par jour entre 15 et 30 voire 40 lave-mains. Les prix des lave-mains chez Moussa Ouédraogo vont de 10.000 francs à 27.500 franc CFA suivant les tailles et la capacité des seaux. « Au début de la crise si nous n’avons rien vendu par jour c’est 200.000 franc CFA hormis les commandes » nous confie ce père de famille.

Le fer, les bidons ou seaux en caoutchouc, la tête de robinet sont entre autres les éléments qui rentrent dans la fabrication des dispositifs de lavage des mains. La plateforme fait de fer est envoyée chez un soudeur pour soudure suivant le modèle. Après cela Monsieur Ouédraogo prend le relais. Il s’occupe du montage des seaux ou des bidons, des têtes de robinet et de la peinture avant de les mettre sur le marché.

Le lave-main à usage manuel est celui le plus couramment utilisée pour le simple lavage des mains. Il s’agit généralement de deux surfaces soit circulaire ou carrées qui supportent les deux récipients. La partie supérieure contient de l’eau propre dans un seau de taille variable à partir duquel l’eau coule par le robinet. La surface inférieur quant à elle accueille le deuxième récipient qui contient l’eau impropre jusqu’à débarrassement.

Ouédraogo Moussa est peintre et vendeur de Lave-main

 Une demande, source de profit pour certains acteurs

La demande en lave-mains liée à la maladie du coronavirus a connu des hausses. Plusieurs acteurs économiques profitent de la demande en lave-mains pour se faire un peu d’argent.  Les soudeurs, les vendeurs de quincaillerie, les vendeurs de seaux et de bidons. Selon Moussa Ouédraogo, pour chaque cadre soudé, il paie 2.000 franc CFA au soudeur. Les têtes de robinet qu’il achetait à 750 ou 1.000 franc environ coutent aujourd’hui entre 1750 et 2.000 francs CFA. Quant au seau les prix ont doublé. « Ce que je payais à 2250 et que j’estimais cher, de nos jours je le paie entre 4.000 et 4.500 franc CFA » renchérit Monsieur Ouédraogo. En dépit de cette surenchère, il arrive à tirer son épingle du jeu.

Un business de conjoncture

La conjoncture actuelle du marché, marqué par le coronavirus a une fois de plus eu raison de sa structure. Dans un tel contexte, on constate le nomadisme de certaines personnes qui courent de conjoncture en conjoncture à la recherche du profit. La preuve est que depuis un certain temps, l’engouement de la clientèle pour les lave-mains a beaucoup régressé pour plusieurs raisons. Les opportunités d’affaire que représentait ce dispositif a entrainé l’arrivée de nombreux aventuriers dans le secteur. En l’espace de quelques jours, l’équilibre qu’il avait entre l’offre et la demande a changé. Toute chose qui sature le marché des lave-mains à Ouagdougou.

Même si certains entrepreneurs arrivent à faire la différence, il faut dire que l’entrepreneuriat burkinabè à mal à sa prospection. Pour ce faire, la différence entre eux réside dans leur capacité à voir plus loin que les opportunités des conjonctures.

Arnaud Fidèle YAMEOGO

 

 

 

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