A l’air du tout numérique, nous entendons de plus en plus parler de « Wallet » ou de « portefeuille numérique ». Qu’est-ce que le « portefeuille numérique » ? Quels avantages offre –t’il aux économies des pays africains ? Quels sont ses inconvénients ? Pour répondre à ces préoccupations, nous avons rencontré pour vous, monsieur Oumar S. Diallo, spécialiste de la question.

 

M.DIALLO

Bizya Africa : Qui est Oumar S. Diallo ?

Oumar S. Diallo : je suis formateur en marketing des services et gestion de la relation client (GRC). Je travaille dans le domaine depuis 2004. J’ai travaillé pour des marques comme Orange, MTN et Wari. J’ai lancé ma boite cette année et je suis membre du patronat des jeunes entrepreneurs sénégalais Sen Start-up. Je suis passionné des fintechs.

Bizya Africa : Nous entendons de plus en plus parler de portefeuille électronique, de quoi s’agit-il exactement ?

Oumar S. Diallo : Il s’agit d’un bel outil pour l’inclusion financière. Le porte-monnaie électronique vous permet de faire vos achats et autres paiements sans cash. Cet outil est important à plusieurs niveaux. Il permet non seulement une rapide exécution des transactions commerciales mais  garantie surtout une certaine transparence pour nos économies africaines.

Bizya Africa : Quels sont les avantages et les inconvénients du portefeuille électronique pour les populations africaines ?

Oumar S. Diallo : Les avantages sont nombreux. Le portefeuille électronique est bien pour le commerce en ligne, le paiement des bourses et des factures ainsi que beaucoup de besoins de notre vie quotidienne. Par ailleurs, les portefeuilles électroniques ou wallets accélèrent la digitalisation en Afrique. Nous savons que la digitalisation est devenue un outil de bonne gouvernance dans nos pays. Quand on sait qu’en Afrique, dans certaines structures, le cash est souvent manipulé et que les préposés à ces postes sont souvent tentés à le détourner de sa destination finale, nous comprenons l’importance du portefeuille électronique. Par exemple pour les recettes fiscales, les collectivités locales peuvent s’allier avec les promoteurs de Wallet pour faciliter la collecte. Un compte pivot ouvert chez le partenaire bancaire permettrait tout simplement de faire le dispatching vers les autres comptes s’ils sont nombreux et dans différentes banques. Beaucoup de pays africains présentent l’avantage d’avoir un secteur informel très dense, ainsi un réel travail de fond permettrait d’éduquer les populations sur les services financiers numériques. Les avantages sont donc très nombreux. La liste n’est pas exhaustive mais retenez que la digitalisation a plus d’avantages que d’inconvénients.

Il est important aussi de noter que les wallets pour la plupart fonctionnent avec le code ussd ou l’internet. Ce n’est pas comme les services de transferts classiques ou lorsqu’il y a coupure d’électricité le service est interrompu. Aujourd’hui tu peux être chez toi et faire du télé paiement pour ta facture d’électricité, d’eau, de télé….

L’un des inconvénients des wallets est plus d’ordre opérationnel. C’est juste le manque d’assez de point cash à l’intérieur des pays, pour permettre les dénouements des transactions, rechargements et les décaissements (Cash in et Cash out). L’autre inconvénient est lié à l’éventualité que l’application ne marche pas par souci de réseau, mais ce cas est vraiment très rare.

Bizya Africa : Quelles seront les meilleures solutions de portefeuille électronique dans l’avenir ?

Oumar S. Diallo : Répondre à cette question serait un peu difficile, mais il faut retenir que l’avenir risque d’être bouleversé par une technologie que l’on nomme la Blockchain. Cette innovation est l’expression même de la transparence. La Blockchain est aujourd’hui considérée par plusieurs spécialistes comme la « seconde révolution Internet ». Cette révolution permettra à internet d’atteindre son objectif premier qui est de : permettre à tout le monde, où qu’il soit et à tout moment, de communiquer et de faire des affaires malgré les barrières culturelles et territoriales. Cependant, au regard de la grande ouverture et de la transparence qu’exige la Blockchain, il est à craindre que les gouvernants africains n’y adhèrent pas aisément. Avoir peur de la Blockchain, c’est faire preuve de manque de transparence. La vraie démocratie c’est la Blockchain. Je pense donc que cette technologie va ouvrir de plus grandes et belles perspectives non seulement pour le portefeuille électronique, mais aussi pour nos autres activités quotidiennes. Ainsi donc, on pourra par exemple éviter les fraudes ainsi que tous ces détournements avec la Blockchain. Cette technologie ne se limite pas à la crypto-monnaie, son étendue est immense. D’autres parts, rares sont les pays dans lesquels on peut voter et avoir les résultats le même jour. Avec cette technologie on est sûr de l’authenticité des résultats et ce dans les délais les plus courts possibles. L’Afrique gagnerait à plus explorer ce bijou. Notre devoir à tous sera d’aider nos responsables en charge du numérique à s’intéresser à cette question et à se préparer aux changements nécessaires.

Bizya Africa : En tant que spécialiste des questions de finances, quels conseils d’investissement pouvez-vous donner aux hommes d’affaires africains ?

Oumar S. Diallo : Je ne suis pas expert des questions de finances à proprement parler, mais je sais que le Burkina et l’Afrique en général disposent d’une richesse inestimable ; sa jeunesse. Il faut que nos gouvernements et nos hommes riches acceptent d’investir sur les jeunes. Encourageons l’auto emploi c’est là que se trouve le salut du peuple africain. Que nos présidents créent des fonds d’investissement, acceptons de créer des champions en prenant le risque de perdre des milliards sur une cinquantaine de jeunes. Ce ne sera pas un échec mais une leçon, et ces milliards feront vivre tout un écosystème.

Les milliardaires africains, combien sont-ils à avoir investi dans des Startup ? Xavier Niel en France a investi plusieurs milliards dans des startups. Après ce sont elles qui viendront prendre les marchés au Burkina et un peu partout en Afrique et on sera là, à crier au voleur, au néo colonialisme. Les jeunes eux aussi doivent s’imposer et se réinventer. Ne pas tout attendre de l’Etat. Il faut bousculer les habitudes.

Bizya Africa : Vous êtes un homme d’expérience qui plus est un entrepreneur, donnez 5 conseils marketing aux hommes d’affaires et porteurs de projets africains pour mieux stabiliser leurs entreprises

Oumar S. Diallo : Un de mes compatriotes sénégalais qui est dans le business agroalimentaire m’a une fois dit ; en matière de business il faut retenir 03 choses importantes :

1 Connaître ce que l’on veut faire

2 S’entourer de personnes compétentes

3 Etre honnête

4 J’ajouterai : être audacieux et proactif

5 Savoir s’adapter …

En toute circonstance, ma devise reste : DOPE (Discipline Obsession Persévérance et Endurance)

Balguissa SAWADOGO

Bizya Africa

Translate »