Cuisine : « Oui, l’école de formation en cuisine est rentable ! »
L’art culinaire est l’expression de l’identité alimentaire d’une culture donnée. Qu’il soit africain, européen, asiatique ou américain, il est un savoir-faire qui s’apprend. Au Burkina Faso, la famille était la voie royale pour apprendre la cuisine. Mais des particuliers font désormais de cette formation leur gagne-pain. C’est le cas de Boniface Sama promoteur de l’Ecole de Cuisine et de Pâtisserie (ECP). Créée en 2017, l’école accueille des élèves, des étudiants, des femmes au foyer, des personnes déscolarisées et non scolarisées venus apprendre diverses recettes. Une équipe de Bizya est allée à la rencontre de l’homme pour mieux en savoir sur son école.
Bizya africa : Bonjour, présentez-vous à nos lecteurs
Boniface Sama (B.S) : Mon nom est Boniface Sama. Je suis le promoteur de l’Ecole de Cuisine et de Pâtisserie (ECP). L’école se situe au quartier Cissin de Ouagadougou. Instituteur de formation, c’est après quinze ans passés dans l’enseignement privé, que j’ai décidé de lancer l’ECP. Je suis chargé de mission dans une Organisation Non Gouvernementale (ONG). Je suis également promoteur d’une ferme agro-pastorale.
Bizya africa : Comment est-ce-que votre école de Cuisine a été créée ?
B.S : L’école est née banalement et au fur et à mesure nous l’avons améliorer après maintes réflexions. Au début, j’avais un frère ainé et un oncle qui sont des cuisiniers à la retraite. Donc je me suis dit pourquoi ne pas lancer des formations pour leur permettre d’aller former des particuliers chez eux et d’avoir un peu d’argent en plus de leur pension. Dès que j’ai lancé la formation en 2016, beaucoup de personnes m’ont proposé de faire des formations groupées. Effectivement j’ai vu que les formations groupées nous revenaient moins cher. On pouvait concevoir des modules avec plusieurs recettes. J’ai donc lancé la formation groupée qui a eu du succès. J’ai alors décidé de créer l’école à partir de 2017 au regard de l’intérêt des gens pour ce type de formation.
Bizya africa : Quelle sont les formations que vous proposez dans votre école de Cuisine ?
B.S : Pour le moment nous formons en cuisine et en pâtisserie. L’essentiel de notre programme se compose de plats européens parce que ce sont des plats qui intéressent beaucoup de personnes. Nous avons par exemple les lasagnes, le gratin, les nems, le chawarma, la pizza, etc. En pâtisserie nous leur apprenons à faire des gâteaux d’anniversaires, des croissants, etc. Pour ce qui est de la cuisine africaine, nous avons des plats de pays côtiers le « djekoumè, le ablo, le riz sauce yassa, etc ».
Pour ces périodes de vacances, nous allons inclure des plats burkinabè tels le « gonré, le babenda, le zamnè, etc. Nous avons trouvé une personne ressource pour cela et nous allons l’essayer parce qu’il y a des personnes qui en demandent.
Bizya africa : A qui est destinée cette formation ?
B.S : Au début, j’ai lancé la formation à l’endroit des élèves et étudiants durant les vacances de 2016. Mais par la suite, je me suis rendu compte qu’au-delà des élèves et étudiants il y a eu des particuliers tels des femmes au foyer, des fonctionnaires qui s’intéressaient beaucoup à la formation. Il y a également des gens qui ne sont pas allés à l’école, d’autres n’y sont pas allés loin mais ont manifesté un intérêt pour la formation afin de se trouver un emploi. Nous avons donc commencé par recevoir tout le monde.
Durant toute l’année, nous organisons plusieurs sessions de formation. Pendant les vacances nous organisons un type de formation que nous appelons « vacances plus cuisine et pâtisserie » au profit des élèves et étudiants. Nous organisons aussi d’autres sessions pour les jeunes aux chômage et franchement beaucoup y trouvent leur compte. Plusieurs anciens élèves ont eu du travail grâce à la formation reçut à l’ECP. Certains ont pu trouver de l’emploi eux mêmes, d’autres ont bénéficié de l’accompagnement de l’école.
Bizya africa : Combien coûte une formation dans votre école ?
B.S : La formation professionnelle de six mois coûte 300.000 franc CFA. Il y a certaines personnes qui trouvent ce coût élevé. Mais il ne faut pas qu’ils oublient que c’est une formation théorique et pratique. Et c’est la pratique même qui compte d’ailleurs, car il s’agit d’un savoir-faire. Ce qui engendre des frais importants.
En ce qui concerne la formation de courte durée, elle coûte 50.000 francs CFA et dure deux semaines. C’est une formation qui comprend dix recettes en cuisines et dix autres en pâtisserie.
Bizya africa : Comment vous vous en sortez dans l’ensemble. Autrement dit est-ce une activité rentable ?
B.S : Oui, l’école de formation en cuisine est une entreprise rentable. C’est vrai que pour le moment nous ne faisons pas beaucoup de bénéfices parce que nous sommes encore petit. Mais quand nous regardons les résultats de 2016 à maintenant nous ne pouvons qu’être satisfaits. Nous pouvons estimer notre chiffre d’affaire annuel à 3 millions de francs CFA en moyenne.
Bizya africa : Avez-vous pu réinvestir ces ressources dans d’autres projets ?
B.S : Oui grâce à ces ressources, j’ai pu commencer un projet qui me tenait à cœur depuis mon enfance. Il s’agit de l’élevage et de l’agriculture. J’ai pu créer une ferme ou je pratique l’agriculture et l’élevage avec les bénéfices de l’école de formation et je m’en réjouis vraiment.
Bizya africa : Quelles sont les perspectives pour cette école de Cuisine ?
B.S : Nous travaillons à faire de cette école, une référence non seulement au Burkina Faso mais aussi dans la sous-région. Nous recevons même des messages de différents pays en Afrique centrale et en Afrique de l’est.
Une formation en ligne a été lancée et déjà il y a des ressortissants du Gabon, du Rwanda, de la RDC du Cameroun, du Tchad et d’autres pays de la sous-région qui se sont manifestés. Nous attendons d’atteindre un nombre plus important avant d’expérimenter les formations distance.
Interview réalisé par Arnaud Fidèle YAMEOGO
Contact de l’ECP:
+226 71 40 66 19
