Irène Tassembédo, l’entrepreneuse culturelle qui veut mobiliser les États, ses partenaires et le secteur privé pour faire de la culture un moteur de croissance au Burkina Faso et en Afrique

Irène Tassembedo est une actrice culturelle burkinabè de renommée internationale. Cette ambassadrice des arts et de la culture a beaucoup de tours dans son sac. C’est elle qui est à la base de l’École de Danse internationale Irène Tassembédo (EDIT) et du Festival International de Danse de Ouagadougou (FIDO). La Compagnie Irène Tassembédo et la Maison de Production Mille Couleurs font partie de ses réalisations. Le Grin des arts vivants est sa dernière trouvaille. Cette initiative qui est en cours, va fédérer les énergies de gouvernants, du secteur privé et d’autres partenaires. Son objectif : faire des arts et de la culture, un moteur de croissance et une priorité de développement du Burkina Faso et de l’Afrique.

Qui est donc Irène?

Irène Tassembédo est une réalisatrice et artiste chorégraphe burkinabè. Elle est l’auteure d’un travail chorégraphique, fondé sur de longues années d’expérience. Son apprentissage dans l’entreprise de la chorégraphie, c’est à l’école Mudra Afrique, du chorégraphe franco-suisse Maurice Béjart, à Dakar qu’elle l’a fait. Après sa formation, Irène Tassembédo s’installe en Europe au début des années 1980 d’où elle restera attachée au Faso, sa mère patrie. En 1988, elle confirme dans l’entrepreneuriat culturel et fonde la Compagnie « Ébène » à Paris.

Elle signe successivement plusieurs spectacles. Cinq ans plus tard, soit en 1993, la participation de sa compagnie au premier marché des arts et spectacles africains (MASA) à Abidjan, lui ouvre les portes de la biennale de la danse de Lyon. Nous sommes en 1994 et Irène Tassembédo continue de se construire une renommée dans la chorégraphie. Au même moment, l’artiste travaillait à la mise en place du Ballet National du Burkina Faso.

En 2000, elle reçoit en France le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) de la chorégraphie. S’en suit alors une carrière internationale. Riche de son parcours artistique, l’artiste revient en Afrique en 2007 pour dit-elle, « transmettre son savoir ».

 Le retour au pays natal

Au Burkina Faso, elle redouble d’effort dans la création chorégraphique et travaille au développement de nouveaux projets culturels. C’est ainsi que l’École de Danse internationale Irène Tassembédo (EDIT), verra le jour en 2009 à Ouagadougou.

Mieux, dans sa volonté de valoriser le patrimoine chorégraphique africain, elle crée en 2013 le Festival International de Danse de Ouagadougou (FIDO). Un évènement qui fait la promotion des différentes formes de danse du continent et des diasporas africaines. C’est un espace de rencontre, de promotion et d’expression des jeunes artistes africains dans le monde.

En plus de ce rendez-vous, l’artiste chorégraphe a mis en place la Compagnie Irène Tassembédo et la Maison de Production de cinéma et spectacles d’arts vivants : Mille Couleurs Production. Notre entrepreneuse a aussi côtoyé d’autres grands noms de la danse. En 2016, elle assure la coordination de la Triennale « Danse l’Afrique danse à Ouaga ! » avec Salia Sanou. Convaincue de l’importance de la culture, l’artiste contribue à l’amélioration de la vie dans son milieu de vie.

Une entreprise artistique à impact social

Les arts vivants constituent un outil de cohésion sociale et de prévention de l’intolérance et des conflits. En effet, la perte des repères traditionnels, les inégalités socioéconomiques croissantes, la stigmatisation et la discrimination sont le lit des conflits sociaux et communautaires. C’est pourquoi, Irène Tassembédo défend l’idée que les arts vivants sont des instruments de résilience. Faire de la culture une « arme de construction massive » est la devise de cette activiste, locomotive des arts vivants et de la culture du continent.

Entrepreneuse sociale, Irène Tassembédo milite pour que la culture, devienne le moteur de croissance et une priorité de développement au Burkina Faso et en Afrique. Pour construire ce secteur dans une démarche de développement durable et intégré, elle entend mobiliser les États, leurs partenaires et le secteur privé. La finalité étant la création de richesses, d’emplois et de valeur ajoutée. Une société plus apte à penser son avenir et à choisir les meilleures options pour son propre développement. Tel est la philosophie de Irène Tassembédo à travers le projet « Grin des arts vivants ».

Le Grin, une pépinière de projets culturels

Le Grin est une plateforme de promotion des arts vivants qui regroupe la création, la représentation, la formation, la sensibilisation et le développement de projets culturels. Il entend se déployer dans un quartier populaire de la capitale, en mettant à la disposition des populations, une offre attractive dans les arts vivants. L’objectif de ce projet est de sensibiliser à la création artistique, inclure les publics dans les pratiques artistiques, mais aussi contribuer au lien social et au développement local.

Le Grin est axé sur le genre et s’attache à créer des synergies avec les structures de développement culturel de la capitale. Il s’agit entre autres du Festival des Récréatrales, Festival Rendez-Vous Chez Nous, CDC la Termitière, Carrefour International du Théâtre de Ouagadougou, et l’Atelier Kayiri.

Le Grin des arts vivants est aussi une pépinière de projets de développement artistique. Il compte apporter un soutien adapté aux promoteurs des projets dans leur mise en œuvre. Pour y arriver, il est nécessaire de tisser des partenariats.

L’échangeur, Centre de Développement Chorégraphique National (CDCN) de France, est le partenaire de mise en œuvre du projet. Le Grin des Arts vivants a trois composantes. Il s’agit de l’appui au Festival International de Danse de Ouagadougou, l’appui à l’École de formation en danse (EDIT) et l’appui au Guide Urbain des Interventions Dansées de Ouagadougou (GUIDO). A cela s’ajoutent les coproductions, la diffusion de spectacles, et l’éducation artistique et culturelle. Le projet du Grin des Arts Vivants de Ouagadougou est porté par l’Association Opugbu 6e Sens.

                                                                                                                                                  Arnaud Fidèle YAMEOGO

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