Mahamoudou ZI : Révolutionnaire dans le bâtiment durable depuis 28 ans
Il s’appelle Mahamoudou ZI. C’est le responsable de ‘’Zi matériaux’’. Mahamoudou accumule 28 ans d’expérience dans le bâtiment durable. La particularité de ‘’ZI matériaux’’ est l’utilisation des matériaux locaux. De la terre et des pierres. Ils en font des blocs de terre comprimés ou stabilisés (BTC/ BTS), des tuiles et des pavés pour l’aménagement extérieur. Depuis 1996, ZI matériaux ne cesse de gravir les échelons. Aujourd’hui ZI Mahamoudou est l’une des figures phares des BTC au Burkina Faso, et dans la sous-région. Mais derrière cette entreprise se cache l’histoire de combativité d’un homme dont la vision est de révolutionner le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) en Afrique.
Mahamoudou ZI, l’homme qu’on a traité de tous les noms
C’est en classe de seconde que Mahamoudou ZI a arrêté ses études. Nous sommes en 1992. Il voulait « se prendre en charge ». Nous dit-il. C’est en « se cherchant », qu’il croise la route de Jean Marie Lacroix. Un belge. Avec lui, le jeune Mahamoudou travaille comme ouvrier dans la confection de briques en terre. Lacroix voulait construire une usine. C’est ainsi que le jeune ouvrier tombe amoureux de la confection des briques en matériaux locaux. Mais c’était sans compter avec sa famille. Son intérêt pour la confection des briques en matériaux locaux est décrié par sa famille et son entourage. Pour eux, c’était le signe d’un échec. Mahamoudou a tenu bon. Il avait un rêve avec les matériaux locaux. Au fil du temps, sa détermination aura raison des reproches de son entourage.
De l’autoformation à la spécialisation
Ouvrier, ZI Mahamoudou a su se démarquer des autres employés par son ardeur au travail. C’est ainsi que Lacroix décide de l’accompagner dans la réalisation de son rêve de valoriser les matériaux locaux en Afrique. Au début, le jeune ZI s’est formé à travers les livres que son désormais parrain lui apportait d’Europe. Plus tard, il aura l’occasion d’améliorer son savoir-faire. Il est ainsi passé par l’Institut d’ingénierie de l’eau et l’environnement (2IE) au Burkina Faso. Dans des universités européennes, il aura l’occasion d’exploiter les travaux de recherche sur la terre, grâce à son collaborateur Jean Marie Lacroix. Toutes ces formations ont contribué à lui donner plus d’assurance.
La naissance de « ZI Matériaux »
Ainsi, en 1996, il s’installe à son propre compte. Avec l’accompagnement de son bienfaiteur, Lacroix. En dépit des réticences de son entourage, deux amis vont croire en la vision de l’homme. Aujourd’hui l’un est Directeur technique et l’autre comptable de l’entreprise. « ZI Matériaux » venait ainsi de voir le jour. Avec pour ambition de révolutionner le secteur des Bâtiments et des Travaux Publics (BTP) en Afrique.
Qu’est-ce qu’on trouve chez ‘’ZI Matériaux’’
ZI Matériaux intervient dans tous les domaines des BTP sauf les routes. L’entreprise se trouve dans le quartier Nioko 2 de Ouagadougou. Elle s’étend sur un terrain d’environ deux hectares et demi consacré essentiellement à la production des matériaux locaux.
Aux dires de ZI Mahamoudou, son entreprise intervient à plusieurs niveaux. Il s’agit de la conception, de la production, de la mise œuvre et de la formation. Ainsi, sur le site, on peut apercevoir plusieurs compartiments avec des ouvriers qui s’attèlent à leurs différentes tâches. On y trouve une diversité de blocs de terre comprimés de plusieurs dimensions. Il y a également des tuiles, des pavés faits de pierres et de terre, ainsi que des plaquettes de décoration. Tous ces matériaux peuvent être produits en plusieurs modèles et couleurs avec de la terre ou de la pierre suivant les désirs du client.
Concernant la mise en œuvre, ZI Matériaux s’occupe de l’aménagement extérieur, des façades de bâtiments, de l’auto construction et de la formation. Pour s’approvisionner facilement en latérite, l’entreprise dispose d’une carrière située non loin du site. Le ciment est utilisé, mais en très faible proportion, en plus d’autres produits. « 90 % des matériaux que nous utilisons sont locaux » rassure celui qui se fait appeler ‘’le confectionneur de briques’’.
Une satisfaction économique et morale
Le secteur des Briques en Terre Cuite (BTC) est peu développé au Burkina Faso. Toute chose qui permet à l’entreprise de vendre facilement ses produits. Sur le plan économique, « Je suis satisfait même si nous avons encore beaucoup de projets à réaliser » nous explique le responsable de ZI Matériaux. Aujourd’hui, l’entreprise emploie quinze employés déclarés et environ une soixantaine de façon occasionnelle. « Cela permet à ces derniers d’avoir une source sûre de revenus » ajoute-t-il. Une chose qui explique sa satisfaction morale.
« L’Afrique doit exploiter ses richesses » et construire de façon durable
A en croire ZI, il serait préférable que l’Afrique sache exploiter ses richesses. « Nous avons d’énormes richesses que nous exploitons très peu. Chaque pays africain devra faire et façonner les matériaux locaux dont il dispose. Cela fera de l’emploi et un retour aux origines » nous confie-t-il. Il appelle donc à un engagement réel des gouvernants africains, pour une vraie valorisation des matériaux locaux. De plus, les matériaux locaux utilisés contribuent efficacement à réguler la température à l’intérieur des bâtiments aux dires de ZI. Sans oublier que ces bâtiments sont plus résistants s’ils sont construits dans les règles de l’art.
Les ambitions de ZI
L’ambition première de ZI Mahamoudou est de décentraliser ses services dans les régions du Burkina Faso et de développer d’autres produits à base de matériaux locaux. Pour le moment, ils sont implantés à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso, ou en plus des BTC ils produisent du BLT (Bloc Latéritique Taillé). L’homme ambitionne d’implanter des succursales de ‘’ZI Matériaux’’ dans tous les pays africains. Pour répondre aux besoins des clients et surtout faire un transfert du savoir- faire. Il entend aussi transmettre cette technique à la jeunesse. D’où l’ouverture d’un centre de formation en 2019. Depuis sa création, l’école de formation de « ZI Matériaux » a formé environ 2000 élèves dans le domaine de la production des matériaux locaux.
« Le secteur des matériaux locaux est vierge »
Le terrain de la confection des BTC est vierge à en croire ZI. « Il y’a de la place pour tout le monde dans ce domaine. Après un bon encadrement, tout le monde peut trouver son compte. C’est pourquoi, il appelle les jeunes qui ont l’amour de ce métier à s’y intéresser.
Rabi KABA
Arnaud Fidèle YAMEOGO