Production de champignons au Burkina: Aicha Déborah Traoré, la juriste mycicultrice
La production des champignons comestibles pourrait être une bonne affaire au Burkina Faso. Cet aliment est peu connu et peu consommé des burkinabè. Dans la sous-région, c’est en Côte d’Ivoire, au Benin, au Togo et au Ghana qu’elle est développée. Ces pays ont une culture de consommation des champignons comestibles. Au Burkina Faso, « la caverne burkinabè des champignons comestibles » est une des rares entreprises qui évoluent dans ce nouveau business. Une formation sur les techniques de production peut faire du champignon un business rentable avec un investissement réduit.
Les champignons comestibles sont des champignons dont la consommation ne nuit pas à la santé, contrairement aux champignons toxiques. Ils sont largement répandus en Afrique tropicale. Surtout dans les pays côtiers et principalement dans les campagnes pour ce qui est des pays qui n’ont pas accès à la mer. Les champignons sont utilisés en période de famine pour remplacer la viande et le poisson.
Au Burkina Faso, cet aliment est peu connu et peu consommé. C’est pourquoi, Aicha Déborah Traoré, Jean-Baptiste Sedego et Anne Kaboré se sont associés pour créer leur business. Ils ont ainsi lancé en aoùt 2019 « la caverne burkinabè des champignons comestibles. »
Aicha Deborah Traoré, la juriste mycicultrice
La mycicultrice ou le myciculteur est celle ou celui qui cultive des champignons. Traoré Aicha Déborah est associée gérante de « la caverne burkinabè des champignons comestibles ». Elle est titulaire d’une maitrise en droit des affaires de l’université Saint Thomas d’Aquin de Saaba (USTA), et d’un Master en droit de l’environnement. A côté de son travail, madame Traoré s’est lancée dans l’entrepreneuriat en vue de mieux exploiter son potentiel. Elle fait l’agriculture des champignons comestibles à Bonaam, un quartier périphérique de Ouagadougou.
De l’idée à l’action, que des leçons !
La toute première leçon que nous enseigne Aicha Traoré est que l’entrepreneur doit beaucoup se cultiver. En effet, tout est parti de ses recherches sur internet. Ce jour-là, elle est tombée sur l’article d’un modèle de producteur ivoirien qui l’inspirera. Mais, il fallait d’abord s’assurer de la faisabilité de cette culture au Burkina Faso compte tenu du climat. Les résultats de ses recherches ont été positifs. Elle décide alors de trouver des collaborateurs pour l’accompagner dans son projet. Sedego Jean-Baptiste et Kaboré Anne se lancent dans cette aventure avec elle. Ce qui nous permet d’en venir à la deuxième leçon qui est celle de l’entourage. « L’entrepreneur doit savoir s’entourer des personnes qu’il faut pour réaliser son rêve ».
Mais avant tout, il fallait se former dans le domaine, troisième leçon. Les démarches pour la formation des trois associés les conduiront au département des Sciences de la Vie et de la Terre de l’université Joseph Ki-Zerbo. Grâce au Professeur Phillipe Sankara, Aicha Traoré et ses collaborateurs ont pu se former au Benin et disposer du mycélium ou la semence de champignon. La quatrième leçon montre qu’il faut être patient et persévérant. Le processus a duré trois ans soit de 2016 à 2019, date à laquelle la Caverne a pu enfin démarrer ses activités.
Une jeune entreprise dans un secteur nouveau
« La caverne burkinabè des champignons comestibles » évolue dans la culture et la vente des champignons pleurotes. Les pleurotes sont un genre de champignons des pays tropicaux. Elle propose aussi des semences et des formations sur la culture des champignons.
Aujourd’hui, la jeune entreprise se porte bien et arrive à vendre ses récoltes. Les champignons frais sont récoltés chaque deux jours. Les champignons frais sont conditionnés dans des emballages de 250 g. Pour ce qui est des champignons séchés, ils sont aussi disponibles en sachets de 30 g et 50 g. Les produits de la caverne sont mis à la disposition des burkinabè, des expatriés, des tenants de restaurants et des boutiques, à partir de 1.500 FCFA.
D’août 2019 à mars 2020, la Caverne a produit environ 150 Kg de pleurotes. Mais compte tenu du coronavirus, elle avait interrompu la production. Le défi actuel de nos entrepreneurs est d’agrandir leur champignonnière et vulgariser les champignons auprès des burkinabè.
Les difficultés de ce business rentable
« La production des champignons est une activité vraiment rentable » affirme madame Traoré. L’investissement le plus élevé est l’installation. Le reste ne demande pas beaucoup de moyens. En exemple, l’investissement de 100.000 FCFA comme fond de roulement peut générer 300.000 FCFA explique-t-elle.
Les difficultés de la culture des pleurotes sont liées au climat du Burkina Faso. Elles peuvent se produire sur toute l’année mais le rendement baisse en période de chaleur. Pour bien croître, les champignons ont besoin d’humidité et de fraicheur, ce qui est un peu difficile avec le climat burkinabè. Par conséquent, il faut redoubler d’effort en adoptant des techniques culturales en saison sèche.
La production des champignons comestibles
Les champignons doivent se cultiver dans une champignonnière qui est un bâtiment sombre, frais, stérilisé. Cela permet de maintenir les conditions de croissance. Mais, tout commence par des spores de champignons, qui se transforment en mycélium ou semences et se développent dans un substrat. Le substrat est le milieu de culture. Il se compose le plus souvent par du fumier et de la paille compostée et stérilisée. Une fois les semences introduites, le substrat peut s’utiliser pour trois récoltes. Après la dernière récolte le substrat est utilisable comme engrais organique.
Le cycle de vie des champignons varie d’un à trois mois selon les espèces. La durée de conservation des champignons peut varier d’une journée à deux semaines.
Comment se lancer dans la myciculture ?
La juriste mycicultrice Aicha Déborah invite ceux qui veulent emboiter ses pas, à croire en ce business. Les besoins financiers pour la culture des champignons sont minimes car les substrats sont facilement disponibles. Toutefois, il faut absolument se former. A ce niveau, la Caverne propose des formations. Il faut ensuite trouver un site adéquat pour installer la champignonnière. A défaut d’un bâtiment, un hangar de culture hors-sol peut servir, même à domicile.
contact: +226 76 63 57 27
Arnaud Fidèle YAMEOGO