El Hadji KORGHO: De livreur d’eau à inventeur de machines

El Hadji Issoufou Korgho n’a jamais mis les pieds à l’école. Il y a près de 35 ans, il était livreur d’eau dans un village de Tenkodogo (ville située à environ 185 km de Ouagadougou). Plus tard à Ouagadougou, il a travaillé dans un moulin et un garage de mécanique. Aujourd’hui, il fabrique et invente des machines. A son actif, plus de 10 machines dont une a été brevetée. C’est un grand visionnaire, qui a la ferme conviction que le développement de l’Afrique passera par l’agriculture et l’élevage. El Hadji Issoufou KORGHO nous a accordé une interview, pour vous ! (interview traduite du mooré au français).

Bizya Africa : Bonsoir el hadji, merci de vous présenter à nos lecteurs

El Hadji Issoufou Korgho : Je suis El Hadji Issouf Korgho. Je suis le Directeur Général des Etablissements Sougr-Nooma. Nous sommes spécialisés dans la fabrication de machines pour l’agriculture et l’élevage et la transformation.

De livreur d’eau à inventeur et fabricant de machines

Bizya Africa : Quel parcours académique avez-vous eu pour pouvoir fabriquer autant de machines ?

El Hadji Issoufou Korgho : Rire de El Hadji Korgho. Je n’ai pas fait l’école. Ou plutôt, disons que j’ai fait l’école de la vie. Là où je me tiens actuellement, je ne sais pas écrire mon nom et prénom. Tout a commencé il y a plus de 35 ans à poess tenga (Un village situé à environ 25 km de Tenkodogo). J’y étais livreur d’eau avec un âne et une charrette. Par la suite, je suis venu à Ouagadougou pour chercher du travail. J’ai été employé dans un moulin, pour faire de la farine. Lorsque la machine se gâtait, je bricolais parfois pour dépanner. J’ai passé beaucoup de temps en contact avec les pièces de la machine. Plus tard, j’ai fait la mécanique moto, dans un garage. La première machine que j’ai fabriquée est un moulin. C’est plus tard que j’ai fabriqué les autres types de machines.

Egreneuse polycéréales en fabrication
Egreneuse polycéréales en fabrication

Une dizaine de machines fabriquée et / ou inventée

Bizya Africa : Qu’est-ce qui vous a motivé à fabriquer ces machines.

El Hadji Issoufou Korgho : A la date d’aujourd’hui, nous avons fabriqué au moins 10 machines : Des moulins (farine, couscous..), des granuleuses, des broyeurs d’aliments pour bétails, volailles, poissons, des décortiqueuses-souffleuses d’arachide, des moulins à condiments, des batteuses (Maïs, riz, arachide, haricot, sorgho), des séchoirs polyvalents (farine, mangues, tomates, oignons…), des fours à pain et à gâteaux, des étuveuses, des pétrins, des machines pour fabriquer le beurre de karité, des machines pour faire la pâte d’arachide…..

Par ailleurs, nous avons fabriqué des machines qui nous permettent de fabriquer certaines pièces facilement.

Si vous regardez bien, toutes les machines que nous avons fabriquées, sont en lien avec le monde de l’agriculture et de l’élevage. C’est ça notre plus grande motivation. J’ai vécu au village et j’ai vu les paysans souffrir pour semer et récolter. J’ai aussi vu les femmes prendre beaucoup de temps pour décortiquer les récoltes ou pour faire de la farine, du beurre de karité, de la pâte d’arachide… Nous travaillons à faciliter leur travail.

En plus, je suis convaincu que la plus grande richesse des pays Africains est dans l’agriculture et l’élevage. Les machines que nous fabriquons permettent aux paysans de gagner en temps et en rentabilité. Par exemple notre décortiqueuse peut décortiquer plus de 2 tonnes de maïs en une heure. Imaginer les avantages pour nos populations.

Vue de quelques machines fabriquées
Vue de quelques machines fabriquées

Une machine brevetée pour le moment

Bizya Africa : Quelle est la particularité des machines que vous fabriquez ?

El Hadji Issououf Korgho : La première particularité est que plusieurs de ces machines sont le fruit de notre imagination. Nous avons actuellement breveté une des machines. La procédure pour les autres sera lancée bientôt. La deuxième particularité est que les agriculteurs et éleveurs peuvent facilement utiliser nos machines. Enfin, comme nous fabriquons toutes les pièces des machines dans nos ateliers, les coûts sont accessibles et les réparations rapides.

Bizya Africa : Qui sont vos clients ?

El Hadji Issoufou Korgho : Nos clients sont les agriculteurs et les éleveurs du Burkina Faso et de certains pays voisins. Nous fabriquons et pouvons fabriquer tous types de machines en fonction des besoins exprimés par les utilisateurs.

Une usine de fabrication de machine et un centre de formation

Bizya Africa : Quelles sont les perspectives pour votre entreprise Sougr- Nooma?

El Hadji Issoufou Korgho : Notre plus grand projet est de créer une grande usine d’invention et de fabrication de machines pour faciliter le travail des agriculteurs et des éleveurs africains. Aujourd’hui j’ai une équipe de 21 personnes. D’ici 5 ans je souhaite employer des centaines de jeunes pour lutter contre le chômage.

J’ambitionne aussi de créer un centre de formation pour partager mon expérience en formant davantage de jeunes gens.

Nous avons beaucoup de projets de machines en cours comme la machine à fabriquer le soumbala. Avec l’accompagnement de tous, ce sera des réalités utiles pour nos populations.

Prototype de machine à fabriquer le soumbala
Prototype de machine à fabriquer le soumbala

Bizya Africa : Quel est votre mot de clôture ?

El Hadji Issoufou Korgho : Je voudrais rappeler aux dirigeants africains que la seule manière de développer l’Afrique, est d’investir dans l’agriculture et l’élevage. Je demande donc aux gouvernants de soutenir les agriculteurs et les éleveurs. Si les producteurs sont soutenus, ils pourront plus facilement acheter les machines que nous fabriquons. Ils pourront ainsi mieux produire pour l’autosuffisance et pour le développement de nos pays.

Boutique Sougr Nooma à la patte d'oie
Boutique Sougr Nooma à la patte d’oie

Bizya Africa : Quels sont vos adresses?

El Hadji Issoufou Korgho : Nous avons deux ateliers et une boutique au quartier Patte d’Oie de Ouagadougou. Nous sommes joignables au : 00 226 71385054 / 78 12 54 96 / 76 53 78 52

E-mail: koroghoyssouf@yahoo.fr

                                                                                                       Interview et traduction : Philippe DIENDERE

Translate »