Pharmacopée traditionnelle : Un business social en Afrique

La Pharmacopée traditionnelle fait son petit bonhomme de chemin aux côtés de la médecine conventionnelle. Elle joue un rôle capital dans la société africaine. C’est ainsi qu’au Burkina Faso plus précisément à Ouagadougou, il n’est pas rare de voir des vendeurs ou vendeuses de médicaments traditionnels. Que ce soit au sein des marchés ou dans des concessions, de nombreuses personnes ont fait de la vente des médicaments traditionnels  leur activité. Zoom sur ce métier.

Produits de la pharmacopée contre l’angine et le paludisme
Produits de la pharmacopée contre l’angine et le paludisme

La vente des médicaments traditionnels à Ouagadougou

Il est 11h quand nous arrivons à Naabi Yaar, un marché situé en plein cœur de la ville de Ouagadougou. L’endroit grouille de monde comme d’habitude. Vendeuses de médicaments traditionnels et clients discutent entre eux. C’est dans cette ambiance que Mme Mamounata Ouédraogo nous reçoit. Mme Ouédraogo est une vendeuse de médicaments traditionnels depuis une trentaine d’années « Je vends des tisanes, des écorces, des feuilles et des racines. En effet, tout à commencer quand j’étais enfant. Après mes cours, je venais aider ma belle-mère, vendeuse de ces médicaments traditionnels à vendre. C’est ainsi que petit à petit, je me suis formée avec elle et j’ai su que tel médicament peut soigner telle ou telle maladie. Après son décès, j’ai continué son activité et je ne vis que de ça aujourd’hui »nous dit-elle.

Les maladies soignées par la pharmacopée traditionnelle

A entendre Mme Ouédraogo, les médicaments qu’elles vendent soignent différentes maladies. «Nous soignons beaucoup de maladies tels que l’angine, le paludisme, l’hémorroïde, l’insuffisance rénale, la jaunisse, l’endométriose entre autre. Par exemple, avec cette tisane mélangée à  cette écorce, nous pouvons soigner tel ou tel mal »nous relate dame Mamounata.

Les prix des médicaments traditionnels

Au Burkina Faso, les médicaments traditionnels viennent essentiellement de la région des Hauts Bassins et du centre nord. «Généralement, nous prenons nos médicaments chez des personnes que nous connaissons en  brousse. Ces dernières sont chargées de les chercher et de les assembler pour nous les faire parvenir ici à Ouagadougou. Les produits arrivent alors dans des containers et sont vendus par sac au prix de 2000Fcfa.Nous achetons alors ces sacs afin de  pouvoir les revendre au détail. Ainsi, nous attachons les médicaments par tas que nous vendons à 100Fcfa l’unité »poursuit-elle.

Vue partielle des produits de la pharmacopée disponibles chez mme Ouédraogo
Vue partielle des produits de la pharmacopée disponibles chez mme Ouédraogo

Une activité pourvoyeuse d’emploi ?

Assise dans son hangar dans un marché de la place en train d’attacher des tisanes, Maimounata Ouédraogo est une vendeuse de médicaments traditionnels. «C’est ma mère qui m’a initié à ce commerce. Etant sa seule source de revenus, c’est avec cette activité qu’elle arrivait à payer à mes  frères et à moi, nos frais de scolarité. C’est ainsi qu’avec son âge avancé, elle n’était plus apte à poursuivre son métier. J’ai alors décidé d’arrêter mes études et de la remplacer. Depuis maintenant une dizaine d’années c’est moi qui vend et ma petite sœur m’assiste et ça va »raconte Maimouna.

La vente des médicaments traditionnels est elle fructueuse ?

A en croire les vendeuses interrogées, la vente des médicaments traditionnels est fructueuse. « Grâce à cette activité, nous nous en sortons et arrivons à subvenir à nos besoins. Il est difficile de connaitre exactement notre bénéfice que ce soit journalier ou mensuel, mais quand il y’a le marché, nous pouvons vendre 8000Fcfa par jour et 5000Fcfa quand ce n’est pas le cas .Si ce n’était pas grâce à ce commerce, je me demande ce que l’on saurait devenu aujourd’hui. Ce commerce  a non seulement aidé ma mère à prendre soin de nous et aujourd’hui toujours  grâce à lui, j’arrive aussi à aider mes proches et à faire des réalisations »nous raconte cette vendeuse.

La vente des produits de la pharmacopée traditionnelle exige un minimum de formation

Pour vendre les médicaments traditionnels, il faut un minimum de formation. «N’importe qui ne peut pas se lever, prendre des médicaments et aller les vendre. Généralement, beaucoup de clients ne  connaissent pas nos médicaments. Ils viennent nous expliquer leur mal et en fonction de cela, nous décidons de leur donner tel ou tel produit pour leur guérison. Si tu n’as pas connaissance de l’utilité de tel ou tel médicament, tu risques d’aggraver le mal de la personne au lieu de le soigner. Ainsi, il est préférable de se faire former auprès des anciens qui s’y connaissent afin de partager leurs savoirs avant de se lancer dans cette activité » nous explique Mamounata.

Est-ce intéressant d’investir dans la vente des produits de la pharmacopée traditionnelle ?

Il constitue une véritable source de revenus. En plus de nos jours, nombreuses sont les personnes qui préfèrent se soigner traditionnellement. Aussi, plusieurs personnes ont tendance à avoir recours aux  médicaments  traditionnels après une insatisfaction de la médecine traditionnelle pour soigner leur mal. Cette activité est sans grande difficulté et ne nécessite pas forcément de gros moyens pour un début, même si la formation reste indispensable.

Rabi Kaba

 

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