Le rendez-vous du consommons local

L’association Burkina Wa-mêdô située au secteur 1, côté ouest de la cathédrale, a clôturé hier 25 février à la maison du peuple sa foire du consommons locale, dénommée le « Burkin’daaga ». Pour paraphraser Thomas SANKARA, « consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons ». Voilà ici, toute la raison d’être de la structure Burkina wa-mêdô avec à sa tête M. Ibrahim OUEDRAOGO, élu consulaire à la chambre de commerce.


Quelques membres de l’équipe organisatrice du burkind’daaga. M. KABRE à droite

Il était 11 heures quand nous arrivons à la maison du peuple. Les lieux étaient décorés de stands multicolores aux gouts de chaque exposant. A chaque stand, on trouve des produits de divers domaines. Nous sommes bien à une foire et pas n’importe laquelle ; une rue marchande où on ne consomme que burkinabè d’où son nom le « burkind’daaga ».

L’ambiance battait son plein. Les interpellations des exposants à l’endroit des clients pour attirer leur attention sur les produits fusaient de partout. Des stands de gauche on pouvait entendre : madame venez voir mes pagnes tissés de très bonne qualité, mademoiselle, viens acheter nos jus locaux, passe voir nos colliers, hey monsieur il y a de belles chaussures en cuir par ici, bref chacun se battait comme il le peut pour vendre.

Pourquoi le burkin’daaga ? Des membres de l’équipe organisatrice nous éclairent

« Nous sommes partis du constat que 90% des produits consommés au Burkina Faso vient de l’extérieur. Nos commerçants et nos opérateurs économiques vont en Chine, au Nigeria et à Lomé, pour s’approvisionner en marchandises et reviennent inonder le marché national. Pendant ce temps, les produits qu’ils partent chercher existent bel et bien dans leur pays. Pourquoi ne pas les commander sur place au lieu de traverser des frontières pour les acquérir. C’est dans ce contexte que nous avons initié cet évènement qui vise à promouvoir nos artisans et leurs produits locaux. En réalité, nous ne sommes pas contre l’exportation, notre combat est que tous les produits que nous-même produisons soient valorisés. Nous sommes à notre première édition du consommons local et cela, a été possible grâce à un partenariat entre Burkina wa-mêdô et la chambre de commerce et de l’industrie du Burkina Faso, de l’appui technique de l’Agence pour la Promotion des exportations (APEX), les sponsors tels que : CIMFASO, Coris Bank International sans oublier les autres partenaires et l’ensemble des membres de l’association de Burkina wa-mêdô. Par ailleurs, nous avons également noué un partenariat avec Africallia, de sorte à ce que nos exposants puissent y exposer leurs produits. Certains des exposants se sont inscrits au niveau de la chambre de commerce, d’autres directement au siège de Burkina wa-mêdô. Je tiens à rappeler qu’en tant qu’organisateurs de cette foire, nous n’attendons rien des exposants. Ils ont tous été invités à venir vendre, à tisser des relations et à faire la promotion de leurs produits dans l’optique de faire des chiffres d’affaire. Ceci constitue, notre fierté, nous a expliqué M. KABRE Moussa, le responsable du secteur informel et chargé du suivi et de la gestion des stands des vendeurs.

Comment se déroule la foire ? Les exposants s’expriment

Inoussa SAWADOGO, deuxième de la gauche vers la droite et son équipe

« Je remercie beaucoup l’association Burkina wa-mêdô pour cette belle initiative que mon équipe et moi saluons tous. Nous sommes l’association Song-Taaba des commerçants des marchés et yaar. Nous sommes très contents de participer au Burkin’daaga. Depuis le début de l’évènement nous échangeons des contacts avec certains clients, nos pagnes également s’achètent un peu. Par jour nous en vendons 5 ou 8. Nous espérons que d’ici la clôture, le marché sera plus fructueux », à laisser entendre Inoussa SAWADOGO.

Les femmes de la fédération nationale des tisseuses du Burkina

A côté, les femmes de la fédération nationale des tisseuses du Burkina attendent toujours. Depuis le début de la foire, elles n’ont vendu aucun pagne tissé. Toutefois, elles saluent l’initiative de cette rue marchande qui permet de valoriser les produits locaux du Faso.

Diabi Mandjouma et le patron de Delicio

Chez DELICIO, entreprise de production de jus locaux, composés de plusieurs parfums à savoir : le jus de mangue, gingembre, tamarin et goyave, les affaires sont bonnes. Selon la commerciale, le marché va bon train. « Les jus sortent. Le premier jour j’ai fait un chiffre d’affaire de 40 000 FCFA, le 2e 86 000 FCFA, aujourd’hui également tout va bien », nous a détaillé Diabi Mandjouma. Nous invitons les visiteurs à passer nous rendre visite, a-t-elle ajouté.

Des thés locaux de différentes marques

Encore plus loin, se trouve une commerçante de thé local, de gammes variées dont le thé bissap, thé crysantélum en mooré « wal touko », le thé combretum (le kinkéliba), et le thé fitex, dont le paquet de 10 sachets est à 1000 FCFA. Selon la vendeuse, Niamba Mariétou, « le marché n’est pas assez fructueux, mais nous arrivons quand-même à vendre 10 à 20 paquets par jour».

M. SANFO, tradipraticien

Comment vont les affaires chez monsieur SANFO?, le tradipraticien

Venu de Zitenga, Moussa SANFO, avoue que « ça ne va pas trop chez lui », terme qu’il a employé. Depuis que je suis là, j’ai constaté que beaucoup n’ont aucune confiance aux médicaments traditionnels, de chez nous. Ça aurait été un comprimé de blanc, les gens l’avaleraient sans se poser de questions. A-t-il ajouté. Nous devrons vraiment valoriser nos produits, les consommer sans détour, pour montrer le bon exemple. Notre pays ne trouvera jamais le développement tant que nous n’aurons pas confiance en nous-mêmes, à nos productions », a-t-il poursuivi.

Quand nous quittons les lieux à 15 heures et demie, la musique battait toujours son plein, les stands de grillades et de boissons étaient assaillis par de nombreux visiteurs. La joie se lisait sur plusieurs visages, les interpellations continuèrent. Une vraie ambiance de fête. C’est ça le burkin’daaga. Les organisateurs affirment avoir tirés des leçons de cette première édition. Rendez-vous a été pris en octobre prochain pour la deuxième édition de la foire consommons local.

Balguissa SAWADOGO
Bizya Africa

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